« I hate space. »
Cette phrase de Ryan Stone (aka Sandra Bullock) pourrait bien être le résumé du thriller spatial qu’est Gravity. À la manière de Burt Lancaster qui décidait de traverser son quartier de piscine en piscine comme une descente aux enfers (The Swimmer, Frank Perry), ladite Ryan Stone vole de vaisseau en vaisseau pour… peut-être vaut-il mieux ne pas aller plus loin, au risque de spoiler le peu d’intérêt que le scénario de Gravity possède. (Attends attends !)
Pourtant, le travail esthétique d’Alfonso Cuaron et de son équipe est impressionnant : les images sont belles, les effets spéciaux assez incroyables, le jeu du scaphandre-microcosme et de la galaxie-macrocosme impeccablement orchestré par des raccords images & son entre intérieur et (immense) extérieur. Et, qu’attend-on d’un film sans histoire convaincante, sinon de la beauté ?
Maintenant que l’on n’a plus que rarement le choix du bon vieil écran plat pour les films sortant en 3D, on peut fréquemment se permettre de pester sur l’artifice technologique encombrant que cela représente… Dans Gravity, comme dans beaucoup d’autres films en 3D, on pourrait réduire l’intérêt concret des lunettes à un ou deux plans maximum (PS : je n’ai pas vu Avatar) ; toutefois, le résultat est loin d’être irritant, et soutient l’esthétique comme la mise en scène choisies par Alfonso Cuaron, en donnant la profondeur qui pourrait manquer à la pureté astrale de ses images.
De même, la performance de Sandra Bullock est plutôt appréciable : elle ne surjoue pas (quoiqu’on n’aura pas échappé au ô combien hollywoodien « tell her I love her… ») et livre une belle prestation dans ce survival horror sans zombie (sans personne d’ailleurs), aux côtés d’un George Clooney pareil à lui-même (un grand homme, en somme).
Le cœur plongé dans les basses et les yeux dans la galaxie, la tête quant à elle est saisie d’un bout à l’autre du film par un oppressant isolement, danger permanent et d’autant plus paradoxal qu’il prend place dans un espace sans limites filmé. Vous m’excuserez les synecdoques corporelles un peu faciles, mais s’il est une chose vraie, c’est bien le fait que Gravity ne puisse pas vous mettre d’accord avec vous-même. En tout cas, pour ma part, malgré les larges concessions faites à son avantage, il m'est impossible d'en dire que c'est un très bon film ; du moins, pas autant qu'ont pu le couronner ses Oscars...

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le 28 août 2014

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