...Mais où es-tu, Zacky Zack?

On va pas le prendre par quatre tunnels galactiques : après un incipit des plus prometteurs (punaise c'est beau ; trop bien une petite planète fermière autogérée avec un enjeu sociétal ; chouette des personnages à zones d'ombre dont on a hâte de voir le double-fond gratté au sang ; okayy une menace d'invasion impériale montée en sauce à la Inglorious Basterds...), eh ben ça part en Suicide Squad. Non, beh non, on y a cru mais au bout de vingt minutes le scénario est mort - vive le pot de peinture.

D'ailleurs c'est encore moins bien foutu que Suicide Squad, en mode JRPG gratos (je parle du scénario) : 1° Le monde est en danger, 2° On a besoin de héros pour le sauver, 3° et hop on croise un pirate de l'air par hasard dans un bar (et là tu te dis peut-être : "ah c'est marrant on dirait La Guerre des étoiles en moins bien"), puis on va sur une autre planète (ah ! la fameuse planète-désert !) pour trouver un premier mercenaire, et puis... Et puis le reste est un consternant empilement de mini-quêtes pour composer la dream-team, à laquelle chacun·e adhère sans aucune raison valable, voire aucun dialogue (!!!), ni prize money. Exception faite de Bloodaxe qui, à la suite d'un dialogue platonicien (on embrasse Socrate évidemment), est pris par son éthique de révolté, un peu facile mais plus comestible. Vraiment, ça ressemble à un jeu vidéo où tu croises un mec, tu l'aides à combattre un rat et bim c'est ton ami pour la vie (et, donc, ça ne manque pas de rappeler Suicide Squad, sauf que y'avait un film après, quand même). Ce chapitre 1 de Rebel Moon n'est qu'un grand recrutement hors-sol et il plaira sans doute à tous mes amis DRH.

Chaque nouvel entrant dans la bande à tout juste droit à sa scène de gloire (oups déso Général Titus) prouvant que c'est un élément de choix qui peut empêcher l'invasion des méchants soldats du Régent. Ah ! Les Méchants (musique de Freezer) ! Oui, très beau choix d'uniformes hein, on a la ref, mais quel manque de délicatesse : les méchants sont très méchants, pour écrire des personnages complexes on repassera vapeur.

C'est pas en nous claquant des plans visuellement très travaillés et quelques ralentis extrêmes (qui ont grandement contribué au charme sanglant de 300) qu'on oubliera l'absence de cohérence du scénario (qui, elle, a largement contribué à l'adaptation excellente de Watchmen), le manque abyssal de développement des personnages, l'enchaînement de clichés des films d'action (wink wink Marvel Universe) jusqu'à la durée des scènes calibrée à la seconde, certes sympas au début (dont une jolie chorégraphie de fight dans la grange) mais à la longue d'une banalité navrante... (Oui, j'aime beaucoup les parenthèses, contrairement à ce film qui n'aime pas trop la grammaire cinématographique.)

Mais Zacky Zack, où es-tu donc ? La patte visuelle et sonore est là, ça donne super envie de le voir en salle (...comme ça se passe pour le vrai cinéma, au fait*), mais on est là aussi pour voir des histoires. Si ce film était un anti-marketing clandestin de Netflix pour nous dire que la seule manière de voir du cinéma chez eux était de regarder leurs séries, ben ce serait réussi. Mais je dois concéder avec tristesse que Rebel Moon 1, c'est surtout un film de SF raté.

Donc, rien qui ne fasse de ce bijou de tiède banalité autre chose qu'une sorte de grosse bande-annonce pour l'épisode 2 qui sortira le jour de mon anniversaire - ah beh super mais j'ai prévu autre chose.

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*EDIT : Je n'ai pas pu trouver si Rebel Moon était co-produit ou non par Netflix, mais à l'instar d'autres films (comme l'immense Roma d'Alfonso Cuaron, qui lui était une prod N) il n'a pu sortir en salles que dans certains pays... la France n'en faisant pas partie. Est-ce le principe légal de chronologie des médias qui est en cause, ou bien le triste désir d'hégémonie culturelle du big red N ? On en rediscutera quand la Palme d'Or sera donnée à un film qui n'aura pas été diffusé en salle (après tout, Messi a eu le Ballon d'Or 2023 donc tout est possible).