Quelque part aux confins de la planète, l’évolution a échoué ses errances sur une créature entre l’hippopotame et Neil Armstrong dans ses plus hautes heures. Daigoro est un bon gros monstre, une créature particulièrement jouasse. Il vit sur son île dans le calme et la sérénité, benaise, déplaçant son volume considérable de sa démarche chaloupée. C’est un monstre domestique, le plus aimable de tous, qui fait la joie sans commune mesure de ses dévoués propriétaires. L'animal vallonné danse à longueur de temps sur les rivages scintillants sans jamais trop s’éloigner de ses toilettes géantes et ses maîtres lui servent des champs entiers de cultures maraîchères pour le petit déjeuner, ainsi au Japon, humains et monstre jouissent du bonheur le plus radieux.


Mais Daigoro revient de loin, et s’il manifeste plus un gros cœur tout tendre comme un édredon moelleux, sa mère, elle, est connue pour avoir été nettement plus hostile. Ah faut qu'je raconte ça aussi. Il y a de ça fort longtemps, la maman de Daigoro qui ne présentait qu’un corps boudiné, presque annelé, comme tout point de parenté avec son gros fils, mais arborant une vaste crinière sur une grosse tête de chat écailleux comme distinction due à son rang, la génitrice de l’hippopotame cosmonaute disais-je, fut découverte par l’humanité dans une région reculée, humanité qui, à l’époque, n’était pas complètement prête mentalement pour engager un échange posé avec un chat-crocodile de 50 mètres. C’est pourquoi, en guise de salutation et pour aborder des présentations en bonne et due forme, l’espèce humaine décide d’atomiser le museau de l’étrange animal. Et c'est là, dans les ruines d'un monde, que Daigoro fut découvert, couinant pour avoir sa becquée. Certain qu’avec une éducation bienveillante le curieux phoque humanoïde était promu à un avenir heureux et coopératif, un homme un peu plus original que ses congénères décide de le prendre sous son aile et de l’élever avec dévouement.


Et c’est là qu’on prend le film, sur cet hippopotame bipède gros comme une montagne qui fait la moue parce que la piscine olympique qui lui sert de gamelle n’est remplie qu’à demi. C’est là un dilemme bien taquin que cet espace vide démesuré qui se trouve en lieu et place de l’estomac du géant rembourré. Son propriétaire s’affole, il se morfond devant les gargouillis caverneux de l’illustre créature et finit par en faire une icône placardée sur des boîtes de conserve, palliant pour un temps à ses besoins caloriques astronomiques.


Alors un jour, l’évolution qui n’économise jamais sa créativité, décide d’organiser une belle rencontre. Une météorite tombe sur la Terre et l’astucieux mélange entre un rhinocéros et Tortank en sort, armé d’une envie de destruction massive à toute épreuve. Daigoro, le seul qui puisse prétendre à un match dans la même catégorie s’oppose instinctivement à ce colossal adversaire mais c’est sans compter sur son jeune âge et son éducation, davantage portée sur les bassines de carottes que sur le catch de monstres. Mais Daigoro se relèvera et son honorable volume passera en quelques jours de mascotte pour boîtes alimentaires à unique espoir de l’humanité. Et je vous laisse découvrir la merveilleuse suite, comment Daigoro s’entraînera sans relâche au judo en tapant des montagnes et comment il apprendra à maîtriser son souffle pour rotter des flammes.


Que faut-il retenir de Daigoro vs Goliath finalement ? Que le film est un nanar cosmique ? Qu’il tient bien plus de Casimir que d’un quelconque kaiju-eiga ? Qu’il a trouvé naissance dans un projet abandonné d’hommage à Godzilla ? (en 1971, Eiji Tsuburaya, mythique orfèvre des effets spéciaux qui créa le Godzilla original en 1954, décide de fêter les 10 ans de sa société “Eiji Productions” en réalisant un nouveau film avec son monstre. La Toho accepte de lui prêter un de ses costumes de lézard mais le projet est laissé à l’abandon. De ses restes délaissés jaillira quelques années plus tard l’improbable Daigoro vs Goliath), ses décors chatoyants caractéristiques ? Ses costumes inspirés ? Son charme fascinant ? Que finalement, c’est quand même vraiment mauvais ? Même pour un public d’enfants ? Ou que ça parle d’un cosmonaute-hippopotame qui devra apprendre le judo pour affronter une tortue-licorne ? Moi j’ai choisi.


Un bail que j'ai vu ce film et je suis toujours la seule note en ces lieux, j'sais vraiment pas c'que vous attendez... Avec une affiche pareille franchement...

zombiraptor

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