Orf… Allez…
On va lui mettre 6/10 à ce « Green Book ».


C’est marrant parce que c’est en rédigeant une critique où il avait à peine la moyenne que je me suis rendu compte qu’au final, j’avais quand même plus de bonnes choses à dire sur ce film que de mauvaises.
Mais bon, vous révéler cela c’est aussi vous dire à quel point mon adhésion est loin d’être totale.


Parce que bon, factuellement, qu’avons-nous là ?
Encore un film bien pensant. Un de ces films de la grande rédemption américaine.
On va nous montrer encore une fois à quel point la ségrégation c’était vraiment pas très sympa.
On va nous expliquer. On va disserter. Et bien évidemment, on va nous laisser avec cette petite note d’espoir qui nous rappellera au passage que, malgré tout, elle est quand même chouette cette société américaine…


Rien que pour tout ça, ce film me gonfle un peu.
J’en ai marre qu’on me fasse la morale. J’en ai marre qu’on me raconte ce que je sais déjà. Et surtout j’en ai marre de ces schémas habituels vissés sur les rails de la prévisibilité absolue.
Donc oui, ne serait ce que pour son manque total d’originalité et de proposition cinématographique, ce film me laisse froid comme un glaçon…


Mais bon… D’un autre côté, difficile de dire que je ne me suis pas laissé emmené tranquillou par la mécanique bien huilée de ce film. Le duo Mortensen / Ali est quand même sacrément efficace et surtout il est habilement enrichi par des antagonismes qui vont au-delà de la simple question raciale.


Car l'air de rien le choc des personnalités s’opère sur plusieurs facettes, si bien que le film parvient à faire de cette rencontre une histoire d’enrichissement mutuel certes classique mais bien menée.
Or ce caractère multiforme de l’écriture se retrouve un peu partout, notamment dans la manière de regarder la ségrégation.
Au-delà de la simple condamnation, il questionne aussi les catégorisations sociales imposées ainsi que la manière de mener des combats.
Et si parfois ce film se fait très didactique – pour ne pas dire discursif...


(je pense notamment au moment passé dans la prison)


... – à d’autres moments il parvient à se poser assez astucieusement en simple spectateur, nous laissant avec des situations sur lesquelles aucun commentaire n’est fait ; où on se contente juste de constater, de ressentir, et de questionner...


(Le moment où la voiture s’arrête face aux champs de travailleurs noirs : une des très bonnes scènes du film.)


...
Et puisque le film n’accomplit aucune fausse note en termes de forme, et parce qu’il sait être didactique sans être assommant pour autant, bon-an-mal-an, on se retrouve au final avec un film qui tient la route et qui, à défaut d’être original, peut s’avérer sympathique et touchant…


Pas le grand coup de cœur me concernant donc, mais un film regardable quand même…
Et je ne sais pas vous, mais moi, rien que ça, des fois ça peut me suffire…

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le 26 janv. 2019

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