En pleine période pré-fêtes et magie de Noël, qu'est-ce qui m'a pris de vouloir revoir Gremlins, plus de quinze ans après la fois précédente ?
Joe Dante, poulain de l'écurie Spielberg à l'époque de l'âge d'or E.T. propose une fable horrifico-humoristique sur fond de soir de Noël. La nostalgie fonctionne à plein, Gizmo est aussi adorable que sa marionnette paraît démodée, Phoebe Cates et Zach Galligan sont cute as fuck, et, oh mais ne serait-ce pas Corey Feldman méga-jeune ? Soudain, à mesure que les meilleures vannes en VF sont egrennées, les souvenirs des rediff à l'époque de la primaire et du collège remontent, on trouve ça drôle et foufou.
Pourtant, à le revoir adulte, il apparaît que c'est une des productions les plus cyniques et les plus désenchantées sur le consumérisme de l'Amérique reaganienne. Au début, les traditions ringardes de Noël et les inventions nazes du papa font sourire. Mais à mesure que le film avance, ces orgies de junk food fluo à pas d'heure, ces traditions qui emprisonnent les habitants (sans emploi ou exploités) de la ville, jusqu'à l'histoire du père de Kate provoquent un écoeurement bien pire que les farces horrifiques de ces Gremlins. Tout passe à la moulinette de Dante : Disney, les jouets, les émissions spéciales de Noël, le racisme patent des habitants, la débauche de cadeaux et de décors, etc. pour aboutir à la conclusion du vieux "Chinois" - il faut être responsable pour s'occuper d'un Mogwai et la société et la culture américaines créent l'exacte inverse de la responsabilité et sont nécessairement vouées à générer leur propre perte (que ce soit via des Gremlins ou autre chose).
Dingue que Spielberg ait laissé passer un tel cynisme, mais assez brillant du même coup.