Gros bordel
3.4
Gros bordel

Court-métrage de Maria Sofia Funari (2020)

« Mais, qu'est-ce que c'est que cette merde ?! »

Deuxième métrage du festival mis en avant sur SensCritique après « Run » et on retrouve le même problème que précédemment : notes et critiques élogieuses élaborées par des comptes à usage unique et autres bots. C'est un peu moins flagrant ici avec seulement une dizaine de critiques bidons mais le souci reste entier : c'est profondément anti-sportif et ça manque cruellement de franc-jeu. Heureusement, l’algorithme de la plateforme est étudié pour ne pas laisser passer ça au niveau de la moyenne de l'œuvre.


Bon... il n'y a pas grand chose à dire ici contrairement au court-métrage d'Arthur Chevalier qui était déjà à terre et que j'ai achevé sans sommation. Mais finalement, je pense qu'il vaut mieux se faire descendre pendant 20 minutes plutôt que de susciter l'indifférence, cela prouve au moins que le métrage, aussi mauvais soit-il, a suffisamment de consistance pour pouvoir créer un débat et des réactions. Le découpage technique est pitoyable, ce qui nous est montré ne sert à aucun moment le propos du film. C'est très mal joué et le côté exotique de l'Italie ne suffit pas à faire oublier ce jeu d'acteur misérable. La Terre est plus proche du Soleil que ce court-métrage du niveau d'un film de Pasolini ou Argento. Difficile d'accuser le coup avec tant de médiocrité. Le petit sketch en lui-même tombe à l'eau, parce-qu'en définitive, on ne voit aucun poil sur cette femme qui visiblement ne possède pas une pilosité très importante ou, qui peut-être même, s'épile pour de vrai. Sacrilège !


Une fois encore, le fond du problème réside dans les fondations du discours. Le métrage précédent disait « tous les hommes sans exception sont des agresseurs », eh bien ici le propos est le suivant : « toutes les femmes doivent s'épiler parce-qu'aucun des vilains hommes n'aime les poils ». Et ma réponse sera la même : non, c'est faux. Le processus est identique, au lieu de réfléchir et de creuser la question on conserve la posture de la facilité en faisant de la réalité nuancée une immense généralité bien plus confortable à traiter. Seulement voilà, tous les goûts sont dans la nature, absolument tous, et il suffit de passer un quart d'heure sur Internet pour s'en apercevoir. En fouillant un peu dans la multitude de contenus pornographiques existants, on voit de tout : femmes épilées, femmes poilues, femmes transsexuelles, cadavres anorexiques, bodybuildeuses sous stéroïdes, femmes obèses... il y en a pour tout le monde. Réciproquement avec les hommes. Véritablement, tous les goûts sont dans la nature, toutes les pratiques le sont aussi.


Il y a même des fétichistes des membres amputés, des malformations ou des pieds-bots, des poignées de porte, des cordes de pendu ou des pots d'échappement (tout est véridique). Dans cette humanité aussi folle que diversifiée, même Elephant Man trouverait son âme sœur. D'ailleurs, si tous les êtres humains étaient aussi formatés que l'on veut bien nous le faire croire, et si tous les goûts et toutes les préférences en matière d'attirance physique étaient celles de la norme esthétique occidentale postmoderne, et bien au moins 90% des gens se retrouveraient seuls puisqu'ils ne correspondent pas à ces critères. Toutefois, au vu de la population mondiale grandissante, il semblerait que tous les humains - ou presque - se mettent en couple et se reproduisent en dépit de la tyrannie normative de la beauté. Nous ne sommes pas tous des Brad Pitt ou des Margot Robbie et pourtant le monde continue de tourner.


En conclusion, c'est très mal réalisé, comme beaucoup d'autres œuvres proposées dans ce festival annuel. La forme n'est pas maîtrisée. Quant au fond, c'est rédhibitoire : on se contente d'user des mêmes sophismes, des mêmes poncifs, des mêmes facilités de rhétorique. C'est très pauvre, on se complaît une fois encore dans la dénonciation de bas étage en généralisant à la population mondiale les goûts et préférences d'une partie des hommes. Une partie qui représente peut-être une majorité, mais à quel moment la majorité incarne l'absolu ? Et à quel moment la majorité a-t-elle raison ? Jamais. La majorité regarde « Avengers » et les comédies de Danny Boone, la majorité écoute Jul et Aya Nakamura. Ce n'est pas ce que j'appelle un argument convainquant. Et puis, qu'est-ce que c'est que ce titre français ? Cela n'a aucun putain de sens : comment un court-métrage italien avec un titre anglais, « Hot mess », peut-il donner ce résultat en français ?! Je reste sans voix face à ce gros bordel sans queue ni tête.

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le 27 nov. 2020

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