Hana-Bi est une œuvre qui se regarde comme une succession de tableaux divins énumérant des tranches de vie figées par une caméra désinvolte et scrutatrice, celle d'un immense cinéaste au sommet de son art.


Visuellement le film comporte de ces morceaux de bravoure qui font les plus grandes œuvres. Au-delà de toute considérations narratives et esthétiques, l'auteur de Sonatine dépeint une tranche de vie et de mort éclaboussée d'une lumière diffuse.


Une œuvre sur le destin de deux ex-flics, l'un gravement blessé dans son activité devenu paralytique, qui s'accroche à la vie à travers ses peintures, et l'autre que la vie n'a pas épargné, la mort d'une enfant et la maladie qui emporte peu à peu son épouse. Deux êtres brisés qui s'exprime dans l'art pour l'un et dans la violence pour l'autre. Deux formes d'expression magnifiées par la caméra de Takeshi Kitano, qui avec ce morceau de bravoure miraculeux touchant au suprême dans des moments magiques d'une monotonie teintée d'éclairs de brutalité hallucinante, réussit sur toute la ligne avec une succession de scènes de vie à la désinvolture miraculeuse qui parvient en permanence à trouver cet équilibre entre image et émotion pure dans une exposition à l'esthétisme flamboyant.


Dessoudant du yakuza à la chaîne, le personnage de Kitano, clown au sourire zygomatique, avec ses lunettes rondes et son allure de pantin désarticulé, joue du flingue et déambule nonchalamment vers l'inéluctable. Car tout le film est jalonnée de ce sentiment de fatalisme. Pourtant tout ça ne semble être qu'un jeu.


Magnifiée par la sublime partition du compositeur Joe Hisaishi, cette tranche de vie et de mort fait mouche à sa manière, nonchalante et désinvolte, elle est avant tout profondément touchante et visuellement remarquable.


Probablement le chef d’œuvre de Kitano.

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