Ca a toujours été très dur pour moi de parler d'Hana-Bi, et ce pour une raison très simple : je ne sais jamais par où commencer.
C'est pourquoi, après réflexion, j'ai décidé d'entreprendre une autre approche qui consiste à parler non pas du film en lui-même mais de l'effet qu'il a provoqué sur moi.
Hana-Bi fait parti de ces films que j'ai découvert purement par hasard, en surfant entre les listes sur senscritique à la recherche du prochain film qui allait clore ma soirée. A l'époque je ne connaissais pas grand chose de Kitano, j'avais juste retenu son interprétation dans Battle Royale ( que je recommande vivement au passage, un vrai condensé de conneries qui rend le film presque attachant ) et basta.
Je décide donc ce soir-là de découvrir ce que Kitano a pu produire en tant que réalisateur et scénariste.


Je le dis d'entrée de jeu, avec Hana-Bi, je n'ai pas non seulement découvert un grand film, j'ai aussi découvert un grand réalisateur qui n'a jamais cessé d'alimenter mon amour du cinéma depuis.
Le film nous raconte l'histoire d'un ancien policier en galère financière, dont la fille est décédée et la femme atteinte d'un cancer, préparant un braquage afin de pouvoir s'offrir à lui et sa femme un voyage dans le mont Fuji tout en se mettant à dos une bande Yakusa. C'est une histoire qui peut sembler simpliste voire très pathos guimauvesque au premier abord, mais s'arrêter à un synopsis ou quelques préjugés avant de regarder Hana-Bi est une des pires erreurs qui soient.


Le film ne s'attarde pas sur cette histoire, il s'attarde sur la beauté de l'existence humaine et de son contraste avec la violence qu'elle peut produire. Nishi n'est autre qu'une façon pour Kitano de s'exprimer sur l'appréhension de la mort, car la mort est à mes yeux le personnage le plus important du film tant donné du fait qu'il sera présent absolument partout, même dans les plus beaux moments. Il faut savoir qu'avant la rédaction du script, Kitano avait eu un accident de moto dans lequel il a failli y passer, ayant passé plusieurs temps dans état handicapant il avait décidé de se mettre à la peinture (d'ailleurs toutes les peintures présentées pendant le film ne sont autre que des tableaux qu'il a lui même peint pendant son hospitalisation). Quand on est à deux doigts d'y passer, on peut clairement dire qu'on entretient un autre rapport avec la mort. Et c'est pourquoi ce film m'a particulièrement touché, on y sent la conviction de Kitano de souligner tout ce que la vie peut produire de plus plus profond et d'inexplicablement toucheant.


Hana-Bi n'est pas sans rappeler ces grands romans romantiques, qui par des histoires simples et des raccourcis faciles, arrivaient tout de même à nous toucher jusqu'au plus profond de notre être pour la simple et bonne raison qu'ils ne cherchaient à produire quelque chose de complexe mais tout simplement à mettre en lumière ce qui était la vraie finesse de l'existence.


Kitano a su retranscrire avec magnificence cette beauté, mais aussi cette mélancolie qui l'accompagne et qui provoque un sentiment très similaire à de la nostalgie. Tout cela avec un esthétisme très finement taillé, un cadrage cohérent et une photographie soignée. Mais aussi avec une musique majestueuse, qui ne se contente pas d'accompagner le film, elle le fait littéralement parler et permet à Kitano d'exprimer avec grandeur sa vision : celle de la vie, de la vie hantée par une fin inévitable mais bien moins tragique qu'elle n'y parait car au contraire elle ne rend l'existence que plus belle. Un message qu'on pourrait juger bateau, il est vrai, mais dont le film nous aide à réaliser son ampleur.


Voir ce film c'est ressentir une légère incompréhension vis à vis de ce qu'il nous a fait ressentir, ça dépasse le simple cadre de la tristesse et de la compassion. On est là dans un lyrisme somptueux et unique.


Ce film a changé ma vision du cinéma et de ce qu'il pouvait m'apporter, et donc plus indirectement ma vie.

BotDDB
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le 23 mars 2016

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