Dans le genre serial-killer minutieux, l'ami Hangman n'est pas le plus idiot dans ses préparatifs : repérage de potentielles victimes en visant une famille en vacances sur les parkings d'aéroports, un petit tour à l'intérieur de leur voiture pour farfouiller dans leur GPS et hop, en route pour leur demeure laissée vide en leur absence ! Là-bas, le bonhomme squatte joyeusement, apprend à connaître les membres de la maisonnée à travers leurs affaires et installe des caméras partout afin de bientôt les filmer à leur insu. À leur retour, il simule un cambriolage et part se calfeutrer on-ne-saura-jamais-trop-comment dans le grenier pour les observer à travers ses écrans et préparer de la meilleure manière qu'il soit leurs morts prochaines...


Si on devait à tout prix concéder une pointe d'originalité à "Hangman", ce serait sans doute d'aborder le home invasion par le seul regard de son tueur et d'adopter tous les codes d'un épisode de la saga "Paranormal Activity", autant sur le fond que sur la forme, pour nous le retranscrire.
En effet, le long-métrage de Adam Mason reprend exactement la même structure narrative de la franchise de found footages initiée par Oren Peli et Jason Blum : le vide d'un quotidien parfaitement anodin dans un premier temps (mais vu de l'autre camp, petite différence), des apparitions du tueur de plus en plus nombreuses avec en parallèle une montée en puissance de ses sales tours infligés à la famille en lieu et place du fantôme et de ses manifestations habituelles, quelques dommages collatéraux sans importance pour éviter un risque d'assoupissement trop prononcé et, bien évidemment, l'affrontement final promesse d'un dernier quart d'heure explosif. Avec les caméras disposées aux quatre coins de la maison, "Hangman" en décalque également le procédé visuel de plans fixes tentant de créer une attente permanente autour du tueur en train de gambader de manière fantomatique autour de ses proies.


Si la greffe entre le home invasion et le found footage façon "Paranormal Activity" prend plutôt logiquement (qu'il soit fantôme ou humain, un intrus reste un intrus), "Hangman" fait l'erreur de croire à la seule force de ce concept de mélange de sous-genres horrifiques et ne cherche que bien trop timidement à le transcender. Par petites touches sporadiques, Adam Mason tente tant bien que mal de nous dessiner le portrait pas inintéressant d'un tueur persuadé d'être devenu un membre à part entière de cette famille sans que cette dernière ne s'en rende compte et c'est d'ailleurs là qu'il touche le plus juste, sur cette haine grandissante envers le mari/père dont le meurtrier veut prendre la place sur tous les plans possibles (et bien entendu en étant prêt aux pires extrémités). Mais, prisonnier de son schéma scénaristique bien trop balisé, le réalisateur ne peut qu'y accorder de très maigres développements et son tueur se réduit assez vite à une silhouette caricaturale faisant simplement une fixette sur la jolie maman de l'histoire.


Dès lors, incapable de nous emmener réellement dans la tête de son tueur (c'était tout de même l'idée de départ) autrement que par des chemins simplistes, "Hangman" déroule basiquement sa structure de "Normal Activity" et ne peut prétendre créer la moindre surprise jusqu'à son terme (même la "possession", d'habitude surnaturelle, s'incarnera ici de manière plus réaliste et cruelle mais hélas très attendue). Handicapé de plus par pas mal d'énormités qui nuisent considérablement à sa crédibilité (un tueur/ninja doté d'une chance sidérante, le sort d'un homme d'entretien latino dont apparemment tout le monde se fiche, un petit garçon au Q.I. d'huître, ...) et un final expédié en cinq minutes montre main (sans compter un épilogue qui renforce la futilité de l'ensemble), "Hangman" n'est donc qu'un found footage très banal et oubliable, il n'est néanmoins pas le plus désagréable que l'on ait vu mais son incapacité à aller au-delà de son concept pour traduire ses intentions de départ pas si bêtes lui est tout bonnement fatale.

RedArrow
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le 9 sept. 2018

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