'La qualité humaine caractéristique qui consiste à pouvoir penser'

Parce qu’elle a indiqué dans une série d’articles au New Yorker que certains leaders juifs avaient coopéré dans les pays occupés par l’Allemagne (ce qui aurait eu pour effet d’augmenter considérablement le nombre de victimes) et qu’elle n’a jamais renié son ancien mentor Heidegger, Hannah Arendt a été considérée à partir de 1963, et notamment par sa communauté, comme une intellectuelle arrogante et dénuée de sentiments.

La réalisatrice Margarethe von Trotta choisit de centrer son film sur la genèse de ces articles controversés, sur le tri naturel parmi les « proches » d’Hannah s’ensuivant, et sur l’acharnement de la philosophe à expliquer -pour les défendre- ses concepts novateurs (la conférence finale est d’ailleurs une scène particulièrement intense). Elle nous offre ainsi un modèle de femme libre, forte et courageuse, incarnée, une cigarette toujours au bord des lèvres, par l’élégante et raffinée Barbara Sukowa.

Mise en scène sobre et globalement efficace, conversations intimes touchantes et pétillantes (que ce soit avec le mari ou la meilleure amie), discours percutants et pédagogiques, ce portrait en actes est fort revigorant... voire régénérant !

Morceaux choisis
« Eichmann protestait qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres. Cette excuse typique des nazis montre clairement que le plus grand mal du monde est le mal accompli par des personnes insignifiantes. Par des gens qui refusent d'être des humains. »
« Je n'ai jamais dans ma vie «aimé» aucun peuple, aucune collectivité - ni le peuple allemand, ni le peuple français, ni le peuple américain, ni la classe ouvrière, ni rien de tout cela. J'aime "uniquement" mes amis et la seule espèce d'amour que je connaisse et en laquelle je croie est l'amour des personnes.»
turlututu
8
Écrit par

Créée

le 12 mai 2013

Critique lue 1.4K fois

12 j'aime

1 commentaire

turlututu

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

12
1

D'autres avis sur Hannah Arendt

Hannah Arendt
tambourinegirl
4

...ou comment rire seule au milieu d'une salle à moitié (vide ou pleine, choisissez votre kampf)

Avant tout, j'espère que vous avez remarqué le jeu de mots de mauvais goût que je viens de faire dans le titre. A présent, imaginez que tous les senscritiqueurs me tombent dessus à bras raccourcis...

le 1 mai 2013

19 j'aime

3

Hannah Arendt
turlututu
8

'La qualité humaine caractéristique qui consiste à pouvoir penser'

Parce qu’elle a indiqué dans une série d’articles au New Yorker que certains leaders juifs avaient coopéré dans les pays occupés par l’Allemagne (ce qui aurait eu pour effet d’augmenter...

le 12 mai 2013

12 j'aime

1

Hannah Arendt
mrArbre
6

Critique de Hannah Arendt par mrArbre

Je n'apprécie pas souvent les Biopic, qui survole beaucoup sans rentrer réellement dans les détails. Une mise en scène souvent romancée ou mal interprété de la vraie vie, qui n'est jamais aussi...

le 24 sept. 2013

11 j'aime

1

Du même critique

La Femme et le Pantin
turlututu
7

Je m’appelle Mateo et je suis sadomasochiste. Bonjour Mateo !

Ce livre ne raconte ni une histoire d’amour ni des ébats torrides (Louÿs chantre de l’érotisme ? Pas dans celui-ci en tous cas). C’est la narration, à la fin du XIXème siècle, d’une guerre...

le 12 mai 2013

9 j'aime

La Reine des pommes
turlututu
6

Tant va la cruche à l'eau...

Qu'à la fin elle se case ! C'est donc l'histoire d'Adèle qui se fait plaquer par Mathieu pour cause de problèmes existentiels (c'est pas toi, c'est moi) et qui, de paumée guillerette, se transforme...

le 9 nov. 2010

6 j'aime

1

Qui veut la peau de Roger Rabbit
turlututu
7

Critique de Qui veut la peau de Roger Rabbit par turlututu

Pour les amateurs, je rappelle la composition de l'inénarrable « Trempette » : essence de térébenthine, acétone et benzène. Ca peut toujours servir en cas d'invasion toonienne...

le 27 juil. 2010

6 j'aime

1