Harry Brown par Gaylord G
Assistant impuissant à la violence dans laquelle sombre son quartier, Harry Brown, un vieil homme à bout de souffle, décide de prendre les choses en main. Vétéran de la marine, il va faire ressurgir son passé en endossant le costume de Vigilante et ainsi entamer, à la suite de la mort de plusieurs de ses proches, sa vengeance.
Durant la première heure, Daniel Barber créer une ambiance parfaite au service de la psychologie de son personnage. Intimiste, lente et profondément humaniste, cette introduction offre une vision terrifiante de la jeunesse des bas quartiers tout en tirant un portrait juste et sincère de ce "Vigilante du 3ême âge". Michael Caine y est tout simplement méconnaissable (après ses précédents rôles sous la direction de Nolan) et impressionnant de crédibilité. Ses traits reflètent son mal-être et l’on s’attache alors très vite à son personnage, du moins pendant cette première partie. Car le développement de sa vengeance, qui n’est d’ailleurs ni surprenante ni remise en question, va être une autre paire de manches pour le réalisateur.
Totalement raté, ce développement indispensable est tout simplement incohérent avec le reste du film. Daniel Barber, voulant donner une ampleur inappropriée à son thriller dramatique, utilise alors des raccourcis scénaristique simplistes et illogiques créant ainsi quelques incohérences difficilement excusables. La vengeance d’Harry Brown ne sera finalement qu’un gros pétard mouillé à qui le réalisateur tente difficile de tirer une étincelle en sombrant dans une sur-enchère de violence qu’il ne maitrisera jamais. C’est à ce moment là que les principaux défauts du film font surface. Totalement manichéen, il manque une profondeur aux personnages qui suivront alors un chemin indélébile tout en empêchant l’intrigue de dépasser son stade primaire. Au final, le scénario, tout à fait classique, n’apportera donc que très peu de surprises tout comme la réalisation qui, bien qu’efficace, ne brille pas par son originalité. On retiendrait certainement quelques plans où le travail sur la lumière est appréciable rendant ainsi bouleversant chacun des nombreux portraits de Michael Caine, finalement l’unique intérêt du film.
Daniel Barber signe ici son premier film en récitant machinalement ses classes mais en oubliant surtout d’y apporter une véritable touche personnelle. Au final, Harry Brown restera simpliste dans sa morale et ses personnages ce qui le rend profondément prévisible et ennuyeux dans sa deuxième partie. Dommage, car son potentiel était bien réel: Mickael Caine à l’affiche, un personnage attachant et une ambiance prenante. Un premier essai qui reste donc améliorable pour ce jeune réalisateur en devenir.