Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

Chris Columbus passe la main et c’est tant mieux. Avec l’arrivée d’Alfonso Cuaron à la réalisation, on a droit à quelques changements appréciables, par exemple, de véritables décors pour les environs de Poudlard (plutôt que des décors en images de synthèse dans les précédents films), et ça c’est vraiment cool. Un château de Poudlard à l’apparence plus détaillé, avec beaucoup de repères visuels, tels que l’horloge, les citrouilles dans le potager d’Hagrid, les pierres dressées dans l’allée menant au château, et j’en passe... D’une manière générale, l’univers de Harry Potter est ici tel qu’il devrait être, plus vaste et plus vivant, et c’est ce que j’aime dans ce film.


Mais l’histoire transposée au cinéma se permet également de grands changements et parfois on peut relever quelques maladresses. Par exemple lorsque Croutard se transforme en Queudvert, ce dernier porte des vêtements (qui apparaissent comme par magie), mais lorsqu’il redevient un rat, il laisse ses vêtements derrière lui. Il aurait été préférable d'opter pour une option ou une autre (sans doute, faire disparaitre les vêtements, puisqu'ils étaient apparus au préalable). Des petites maladresses telles que celles-ci il y en a plusieurs, et ce n’est pas bien méchant, mais qu’en est-il des plus gros changements, voici ce dont je me souviens.


Premièrement, la scène d’ouverture du film est un non-sens. Tous les fans auront de quoi s’énerver, car on sait très bien que Harry n’a pas le droit d’utiliser la magie en dehors de l’école, mais c’est ce qu'il fait en toute impunité dans sa chambre, en utilisant un sortilège pour éclairer son livre. En plus de cela, il répète inlassablement son incantation, comme si une seule fois ne suffisait pas. La scène la plus idiote du film est donc la première. Dommage!


Dans le film, on ne comprend pas vraiment d’où sort le chat d’Hermione (depuis quand l’a-t-elle ?). Dans le livre, il me semble qu’on assiste à son achat. D’ailleurs, je crois que les enfants se rendent sur le chemin de Traverse pour leurs fournitures, comme d’ordinaire.


Toutes les scènes mettant en scène le chevalier du Catogan ont été supprimées. On peut toutefois l’apercevoir brandir son épée dans les tableaux. La Grosse Dame à un peu changé de la version qu’on lui connaissait dans les premiers films, ce que je déplore, car la première version (moins comique) était plus réaliste.


Arthur met en garde Harry à propos de Sirius. Mais, à vrais dire, Harry était censé surprendre une conversation entre Arthur et sa femme.


La leçon de McGonagall sur les Animagis a été supprimée, toutefois Rogue évoquera la différence entre les animagis et les loups-garous.


Buck n’est pas censé être le seul hippogriffe lors du cours d’Hagrid.


On notera aussi l’absence de réelle dispute entre Ron et Hermione. Dans le livre les deux enfants sont très fâchés à cause de la disparition de Croutard (que Ron croit dévoré par Pattenrond).


Mais l’omission la plus surprenante est sans doute celle qui concerne l’histoire de la carte du maraudeur et du lien d’amitié qui reliait Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue, respectivement, Lupin, Pettegrow, Sirius Black et James Potter. On n’apprend absolument rien de leur histoire, du fait qu’ils étaient amis durant leur scolarité à Poudlard, que c’est à cette époque que Lupin est devenu Loup-Garou, que ses camarades sont devenus des Animagis pour le soutenir et demeurer auprès de lui durant ses transformations et que la maison hurlante avait été choisie pour préserver le secret de Lupin. On ne nous apprend pas non plus que la forme des Patronus des uns et des autres dépendaient de l’apparence animale des Animagis. Tout cela ne relève pas du détail, ce sont des éléments centraux de l’intrigue. Rien que pour cette raison, je retire une étoile de ma note finale, car c’est la plus grosse erreur du scénario.


J’ai vu sur internet qu’il y avait beaucoup d’autres omissions et transformations à l’histoire originale, je ne vous ai parlé que de celles qui m’ont vraiment gêné ici. Celles dont je me fais la réflexion lorsque je regarde le film.
Tous ces changements ne peuvent pas être considérés comme des défauts, car dans l’ensemble, l’histoire fonctionne très bien. L’œuvre se démarque de ses deux ainés, grâce à des moments forts, et des éléments nouveaux, comme le Retourneur de temps, le personnage de Sirius Black et la menace qu’il représente.


J’ai beaucoup aimé la longue scène finale, qui est doublée grâce à un bond temporel. Elle est d’une grande originalité, mais cela on le doit au livre excellent de Rowling, bien sûr. J’ai aimé la chanson de la chorale lors de la rentrée scolaire. Le matche de Quidditch qui se démarque grâce à la tempête. Les Détraqueurs qui sont sensationnels. Je n’arrivais pas à m’en faire une image précise durant ma lecture, mais ils sont très convaincants ainsi. J’ai aimé l’esthétique générale, et l’approche plus sombre du monde des sorciers.


Je dois dire que c’est un de mes films préférés, dommage qu’il ait été un peu gâché par l’omission de l’histoire passé de James Potter et de ses amis (comme je l’ai déjà mentionné). Les gens qui regarderont le film sans avoir connaissance du livre en ressortiront avec quelques questions non élucidées, qu'ils devraient attribuer à une incohérence de l’histoire, ce qui n’est pas le cas, en soi.


Les acteurs sont de retour. Michael Gambon remplace Richard Harris (décédé), dans le rôle de Dumbledore. Si son prédécesseur était très bon, lui est simplement excellent. Cela n’enlève rien à la qualité du jeu d’acteur de Harris, mais Gambon est encore plus convaincant, je trouve. Daniel Radcliffe (Harry Potter) est toujours aussi mauvais, avec une mention très spéciale pour la scène dans laquelle il pleurniche. En plus d’être raté, elle nous met mal à l’aise. Heureusement, l’acteur tente des efforts et on sent qu’il est sur la bonne voie. Emma Watson et Rupert Grint (Hermione et Ron) s’en sortent beaucoup mieux, et Radcliffe aurait de quoi prendre exemple sur eux. Je ne le dirais jamais suffisamment, mais Maggie Smith et Alan Rickman (McGonagall et Rogue) sont les pépites du casting. Je les adore. David Thewlis (Lupin) est le nouveau professeur de défense contre les forces du mal. Malheureusement je dirais qu'il est quelconque, en tout cas, il ne se démarque pas et son apparence n’est pas des plus originales. Toutefois, il nous est sympathique grâce à son rôle important. Emma Thompson (Trelawney) est super rafraichissante dans son rôle de professeur de divination déluré et complètement perché. Enfin, Gary Oldman (Sirius Black) est excellent. Lui aussi fait des merveilles.


John Williams reprend les rênes du secteur musique, et nous propose une atmosphère plus satisfaisante que dans le précédent film. Moins entêtantes et plus fantastiques, les sonorités s’accordent ingénieusement à l’ambiance. J’aime beaucoup le thème de Lupin, tout paré de nostalgie. On retrouve enfin le grand talent de cet homme ici.


Ce film est exceptionnel et on ne peut pas le confondre avec un autre de la saga, tant il se démarque sur le plan scénaristique et sur l’ambiance (pour une fois, il n’est pas véritablement question du retour de Voldemort, mais de l’un de ses suppôts). On regrette bien sûr quelques maladresses, à se demander parfois si Alfonso Cuaron connaissait son sujet. Mais l’œuvre se défend très bien et m’a beaucoup satisfait.

Créée

le 22 avr. 2019

Critique lue 379 fois

Casse-Bonbon

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