Ce qui m'ennuie avec Cuaròn, c'est qu'il s'arrange pour qu'on ne parle que de lui. Alors certes, la décision de la saga de passer de Colombus à un vrai réalisateur fait un bien fou: on commence enfin à voir comment la magie fait partie du quotidien, et n'est plus réduite à des sketches ou au strict minimum du scénario, en plus de connaître une amélioration technique et visuelle stupéfiante qui permet des moments de poésie (le vol de Buck) de spectacle totalement gratuits, et des références qui font plaisir aux inconditionnels des livres.


La bande-son est symptomatique de ce changement de cap. Orchestrée par un John Willians mille fois plus barré et excentrique que sous Colombus, il produit une musique beaucoup plus personelle et fun que les violons et orgues de ses autres compositions. Si Double Trouble et The Knight Bus témoignent des influences variées allant du jazz au médièval, A Window to the Past est un morceau qui me touche particulièrement et qui reste le meilleur de cette OST avec Buckbeak's Flight.


La mise en scène de Cuaròn est un plaisir, et ne fait que prover que l'intrusion d'auteurs dans des franchises peut mener à de belles choses, tant est qu'on respecte leurs univers. Sa caméra très libre ne cesse de s'amuser à traverser les fenêtres, les iris, et à prolonger les scènes pour des plans séquences qui lui permettent d'illustrer le contenu de ladite scène: on pense à celle la révélation de Mr Weasley, qui fait reculer lentement Harry d'un monde éclairé, insouciant, entouré de ses amis, à une retraite étroite, extrêmement sombre et entourée d'affiches de Black hurlant comme un dément.


Ou encore que toute la "remontée" de Harry et Hermione débute par une traversée des mécanismes de l'horloge de l'école puis de la fenêtre pour voir leurs deux silhouettes courant, avant de s'achever un mouvement symétrique opposé quand ils reviennent et que la caméra s'élève pour retraverser la glace et les rouages, pour signifier la fin de leur parenthèse temporelle.


Bref, il est clair que la réalisation de Cuaròn transcende le script de Seven Kloves qui a fait de son mieux pour rendre à l'image des romans extrêmement denses. Mais ce que je reproche à Alfonso, c'est de s'être contenté de faire son job.


L'inventivité de la mise en scène est souvent en décalage avec le ton convenu et les facilités du scénario, et la direction d'acteur n'est franchement pas remarquable: ceux faisant un bon boulot restant les professionnels et génialissimes Emma Thompson et Alan Rickman, mais les jeunes acteurs se reposent principalement sur leur exprérience des deux précédents films, et l'entrée de Michael Gambon en tant que Dumbledore est assez laborieuse.

Créée

le 19 juin 2019

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Nathan_E-B

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