On peut faire mille reproches à « He Got Game », probablement l'un des films les plus impersonnels de Spike Lee. Racolage, lourdeurs, facilités, voire léger populisme par moments : les réserves sont nombreuses et celui qui prétendrait le contraire serait d'une étonnante mauvaise foi. Reste que le réalisateur assume son parti pris de bout en bout, mais montre surtout que, paradoxalement, ces défauts peuvent presque être autant de qualités. Car il donne à l'œuvre une identité, une personnalité, une percussion loin d'être si courante, donnant à l'œuvre un rythme très soutenu faisant qu'on ne s'ennuie jamais. Ce n'était pourtant pas gagné me concernant, mon intérêt pour le basket étant proche du néant.
Eh bien cela est passé sans problème, Lee ne nous assommant pas de matchs interminables avec faux suspense à la clé. Idem pour les dessous du sport : cela est montré quasiment avec démagogie, à base de mafieux ou d'arrivistes uniquement motivés par l'argent et le cul, mais là encore c'est punchy et rondement mené, si bien que cela passe une fois de plus. Et si les seconds rôles sont bons, que dire d'un Denzel Washington moins sobre que jamais, mais qui en impose incroyablement par sa présence et son charisme, offrant à son personnage une complexité que peu d'acteurs auraient su apporter ? La fin est à son image : pas nuancée pour un sou, mais efficace et marquante. Contre toute attente, et malgré tous ses défauts, « He Got Game » est une bonne surprise.