Hidden
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Hidden

Film de Jack Sholder (1987)

Pur produit des eighties, Hidden file le smile en rappelant avec fracas qu'il était encore possible, il y a peu, de buter sans raison armé d'un sourire cynique qu'on peine à retrouver en salle aujourd'hui. Jack Sholder joue la carte du gourmand se jetant sur sa ration sanguinolente et fait parler la poudre sans s'inventer de prétexte. Enfin si, il enrobe sa récréation meurtrière d'un petit pitch fait d'extraterrestres, histoire de ne pas polluer sa généreuse bisserie avec une problématique sociétale qui lui donnerait un quelconque crédit.


Hidden propose à l'inverse un divertissement régressif qui ravira les amoureux de bobines graveleuses osant s'aventurer hors de la bonne morale. Pour ne rien gâcher, l'ensemble est aussi animé d'un joli sens de la mise en scène et d'une direction d'acteurs solide. A commencer par tous ceux qui incarnent, tour à tour, cet adolescent rebelle venu d'ailleurs qui fait de la terre le terrain de jeu privilégié de sa crise de jeunesse. On a vraiment l'impression d'être en présence d'un gamin, ce qui tend à dédramatiser chaque meurtre qu'il commet froidement, sans aucune émotion dans le regard. C'est cette constante du regard vide que Jack Sholder utilise pour dresser une frontière entre humains et alien. Ce n'est pas grand chose et pourtant c'est rudement efficace. Comme quoi, il n'est pas toujours nécessaire d'avoir recours à l'effet spécial pour véhiculer la composante fantastique.


Cette absence de surenchère du côté des effets spéciaux permet même à Hidden de passer le cap des années avec les honneurs, même s'il est vrai que certaines scènes ont un peu vieilli mais elles sont assez rares. Chaque mise à mort sonne encore juste aujourd'hui parce qu'elles sont réalisées à l'ancienne, sans esbroufe. C'est brut de décoffrage, une bastos, ça fait mal, point à la ligne. Et joli tour de force, même quand l'Alien offre à la caméra son aspect d'origine, on arrive à être convaincu.


En bref, Hidden est une péloche nerveuse et généreuse qui comblera les fans du ciné d'exploitation inventif. Partant d'un pitch on ne peut plus épuré, Jack Sholder délivre une récréation efficace qui accumule les points bonus en empilant les unes après les autres un tas de séquences saturées d'énergie. Et puis, le tout est servi par des ambiances visuelles et sonores totalement ancrées dans les eighties. De quoi cultiver cette banane que nous avait imprimée, en seulement 5 secondes de temps, une intro rageuse qui annonçait d'entrée de jeu la couleur dominante de cette chasse aux martiens rythmée par la bonne humeur et l'humour noir.
En témoigne sa fin bien couillue, totalement dans l'esprit sans concession qui a habité le reste de la bobine. De quoi accentuer ce sentiment de nostalgie qui envahit certains d'entre nous lorsqu'ils pensent à ce ciné désormais disparu où l'on sentait à l'écran une presque totale liberté d'expression.

oso
8
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le 20 mai 2014

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oso

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