Tandis que la France s'enfonce de plus en plus dans une mélasse de médiocrité cinématographique, l'Espagne, elle, continue à s'imposer (cf. Pas un mot et Sexy Killer), et cette fois ci c'est avec le superbe Hierro.
Cependant, soyons honnêtes, Hierro, dés son début, nous rappelle Flight Plan (avec Jodie Foster), son histoire commençant dans un ferry dans lequel une mère (Elena Anaya) perd son enfant, qui semble impossible à retrouver, malgré toutes les recherches. Puis le réalisateur se détache aussi vite qu'il peut de cette comparaison, le huis-clos qu'était Flight Plan devenant une recherche dans des espaces paraissants sans fin. C'est d'ailleurs dans sa cinématographie que le film tire toute sa puissance, composée de plages sans fins, des ciels et paysages vastes, nous donnant le vertige, et illustrant à la perfection à quel point cette mère perd pied. On appréciera également l'excellente bande-originale, sonnant par moment comme le plus angoissant du Philip Glass (compositeur de la bande-originale de Candyman).

Premier film de Gabe Ibáñez, qui n'avait travaillé jusqu'ici que dans le domaine des effets-spéciaux, Hierro est une sorte de révélation, pour peu que l'on accroche à son style si particulier. Non sans rappeler la lenteur d'Into The Wild ou encore d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Hierro est un film qui se vie, et malgré un sentiment de prévisibilité, Ibáñez joue avec notre esprit en nous montrant ce que cette mère perçoit, et non la réalité, nous faisant flirter aussi bien avec la psychologie qu'avec l'étrange.
Ibáñez a horreur de l'eau, à tel point qu'il nous plonge constamment la tête dedans, que ça soit de façon claire (plans sous-marins, visite à l'aquarium, piscine...) ou de façon détournée (employé de l'hôtel qui débouche les toilettes), d'autres métaphores quant à la façon dont se noie la protagoniste.
Malheureusement, tout comme Flight Plan, Hierro se perd lui aussi sur la fin, et sans vous en révéler plus, déçoit quelque peu, la substance de l'oeuvre, ayant elle aussi pris l'eau et s'étant quelque peu diluée.

Bref Hierro est un film pseudo-calme, dont la lenteur inhérente se mêle habillement avec l'angoisse qu'il procure, et nous faisant découvrir un Gabe Ibáñez hautement qualifié dans la mise en scène intelligente et créative.
Pour conclure, si vous êtes axé thriller, suspense et mystère, Hierro est fait pour vous, et malgré sa légère baisse de régime sur la fin, vous ne pourrez qu'être conquis, ou pas.
Mention spéciale évidemment pour la photographie, signée Alejandro Martínez, qui s'était déjà illustré avec Stay Alive et Kilomètre 31, mais aussi pour la bande-son orchestrée par Zacarías Martínez de la Riva, qui n'en est pas non plus à son premier essai, puisqu'il avait travaillé précédemment sur les bandes-son de The Machinist et de Les fantômes de Goya.
SlashersHouse
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le 30 déc. 2010

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