Qui aurait pu dire que Bobcat Goldthwait, auteur de World's Greatest Dead, laisserait tomber la critique fine pour la pochade délurée et immorale ?
Un coup de sang après avoir zappé, tout comme son personnage principal, de chaînes en chaînes n'affichant que débilité et inhumanité ? Une envie d'aller plus loin que tous les films de real-life superheroes qui de façon un peu candide, ne cessent de se copier les uns les autres sans jamais prendre pour cible des personnes autres que trafiquants de drogue et malfrats ? Probablement un peu de tout ça, et très surement un besoin de servir un exutoire à un public anti-mainstream télévisuel qui bien des fois aurait envie de s'en prendre à son prochain, toujours enclin à se gausser bruyamment devant des crétineries tout en infligeant une pollution sonore à leurs voisins.
C'est d'ailleurs de là que part toute l'histoire, des migraines, des insomnies, des voisins qui gueulent nuit et jour au sujet des news people tout en se moquant éperdument que notre « héros » ait besoin de repos. Et puis il y a le véritable déclic qui pousse cet homme à passer à l'acte. De prime abord on pourrait penser que c'est sa tumeur cérébrale, mais en réalité c'est plutôt le fait de voir sa fille, haute comme trois pommes, faire un tantrum parce que sa mère ne lui a pas acheté d'iPhone pour son anniversaire, situation similaire à celle de Chloé, une pouf passant dans un reality-show. Le lien est fait, tolérer des programmes de merde ça passe un moment, mais lorsque vos marmots deviennent de parfaites copies des gens qui vous insupportent, le temps est venu de remettre les pendules à l'heure.
Goldthwait ne cherche cependant pas à nous servir un pamphlet fort en réflexion sur un problème de société qui finalement n'est pas totalement la faute de la télé, les torts étant partagés avec ceux qui l'utilisent comme nounou, et ont permis à cette nullité de s'installer, alors qu'à une époque le petit écran était un privilège et le grand air le reality-show le plus regardé. Et comme lui-même le dirait « You can't blame the President for everything that's wrong with this country. That's like blaming Ronald McDonald if you get a bad cheeseburger ».

Alors oui on pourra se plaindre d'un budget indigent donnant l'impression que toutes les scènes d'intérieur se passent dans un studio, et oui on pourra regretter que visuellement il n'y ait pas de grandes recherches, celles-ci se limitant aux premières minutes, avec des plans en macro sur l'oeil (sublime) de Joel Murray, et oui on pourra s'interroger sur la compétence des forces de police Américaines quand un couple de tueurs filmés par des caméras de sécurité ne se font pas arrêter. Oui on pourrait lui reprocher tout cela, mais ça serait pinailler sur la forme, car dans le fond, God Bless America est beaucoup trop jouissif pour que l'on puisse le bouder pour des détails insignifiants. Qui plus est la pellicule, si elle dépeint une société bien identique à la notre, impose ce manque total de logique pour nous rappeler que justement, nous sommes dans une fiction, un Tex Avery pour adultes mentalement stables, ne cherchant pas plus qu'une bobine leur montrant ce qu'ils ont toujours rêvé de voir; faire un balltrap au fusil à pompe avec le bébé du voisin, ça va loin, mais c'est tellement drôle qu'on en redemande.
Cerise sur la gâteau, les Français en prennent pour leur grade, et ça c'est juste la goûte d'eau dans le whisky qui le rend parfait à la dégustation.
Un film génial, agrémenté de dialogues fins et crus, et d'une alchimie sublime entre Joel Murray/Tara Lynne Barr qui en font quelque chose de tout aussi culte que Tueurs Nés, dans une version plus contemporaine, cela va de soi.
SlashersHouse
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le 9 avr. 2012

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