Adapté d'un classique de la science-fiction de James Ballard, High Rise est une uchronie se situant durant les années 70. Le film nous présente un immeuble moderne dans lequel l'architecte a voulu recréer la société à l'échelle d'un bâtiment. Ce qui sous-entend, entre autres, la répartition des classes sociales, les plus riches aux étages supérieurs et les plus pauvres tout en bas de l'immeuble. Si le postulat de base fait penser au génial Transperceneige (que ce soit la B.D. ou le film) le traitement se veut très différent et moins ludique. L'idée du Transperceneige partait d'une révolte du dernier wagon dont les occupants remontaient toute la rame. Ici il n'est point question de révolution, le fonctionnement de l'immeuble et des différents étages est même à peine évoqué. Le film parle plutôt de l'effondrement interne du bâtiment (symbolisant le capitalisme) et de l'adaptation des habitants à une structure en totale perdition dont il arrive à se satisfaire plutôt que de chercher un changement.
Sur papier High Rise avait tout pour me plaire! J'apprécie la science-fiction à tendance politique et la lutte des classes est un sujet qui me parle énormément. Le casting est fabuleux avec Tom Hiddleston, Jeremy Irons, Luke Evans (qui livre une performance incroyable) et Sienna Miller en tête d'affiche. Bref, j'étais confiant! Le début du film est d'ailleurs prometteur, la reconstitution des années 70 est assez incroyable. L'on a vraiment l'impression d'assister à un récit de science-fiction tourné il y a 40 ans. Les visuelles rappelant des classiques de l'époque comme Soleil Vert ou Fahrenheit 451 par exemple. L'on peut cependant regretter le manque d'intérêt réel pour le récit de se situer dans cette temporalité. Le contexte historique n'est jamais exploité et n'a aucun impact sur le récit. Si l'on peut voir dans cette période une montée du capitalisme moderne ça reste un peu court et ce n'est surtout pas traité. Reste que le travail de reconstitution est impressionnant, mais il a surtout pour effet de donner un côté vieillot au film. Mais le véritable problème de High Rise est bien plus profond et ne vient pas de son look. Il s'agit de la manière qu'il utilise pour aborder son sujet.
Pour prendre l'exemple de quelques films sortis cette année, quand l'on veut faire passer une allégorie au cinéma l'on a trois possibilités. Soit l'on choisit d'être exclusivement métaphorique (The Neon Demon), soit l'on choisit d'être exclusivement narratif (Le Garçon et la Bête) ou soit l'on est les deux à la fois (The Revenant). Mais ce qu'il faut éviter à tout prix c'est de changer de ligne de conduite en cours de route! Et c'est là tout le problème de High Rise! Le film est durant sa première heure exclusivement narratif mais bifurque à mis parcours dans l'exclusivement métaphorique. Il ne s'agit pas d'une rupture de ton ou d'un changement de genre mais d'un changement de diffusion du message. Il en découle qu'il devient quasi impossible pour le spectateur d'avoir une quelconque implication dans le récit. Pendant une heure tout le film repose sur sa logique et sa crédibilité. Mais à mis parcours tout devient exclusivement métaphorique et la logique disparaît. Le résultat devient une impression de non-sens.
Alors même si le film présente quelques vraies qualités au travers de son visuel ou du jeu des acteurs. Même si le message est parfois juste. Même si j'aurais vraiment voulu aimer High Rise. Je ne peux pas dire que c'est un bon film... La véritable aberration narrative qu'il représente m'a rendu totalement hermétique au métrage et le rend au final plus ridicule qu'intelligent. Certains films sont ratés car au travers de leur développement il ne pouvait pas en être autrement. Les pires échecs viennent par contre de films qui avaient toutes les cartes en main mais dont des choix de mises en scène incompréhensibles on détruit le potentiel. Malheureusement High Rise fait partie de cette catégorie...


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le 5 janv. 2017

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