1975, un médecin emménage dans une toute nouvelle construction à Londres. Un immeuble qui hiérarchise ses pensionnaires. Les riches étant plus haut et les pauvres... bref, un film au conflit social vertical. Si la volonté première est de montrer que la base du problème du conflit naissant n'est pas l'Homme, mais l'immeuble, parabole de la société, High-rise et son propos est totalement désservi par tout un tas de choix soit maltraités soit tout simplement absurdes.


Ainsi, le fait de ne pas transposer l'oeuvre originale de J.G. Ballard de 1975 à nos jours semble être un choix plus que discutable affaiblissant le potentiel de l'analyse sociale. Le spectateur se sent détaché d'entrée de jeu et ne sera presque jamais sollicité pour affûter sa  propre réflexion. Je ne dis pas que le spectateur est trop con pour transposer lui-même les thématiques de l'époque du film à sa propre réalité de 2016, mais le ton du film de Ben Wheatley part dans tous les sens.


L'évolution jusqu'au coeur du conflit est une succession de clichés extrêmement lourd sur les préoccupations et l'état d'esprit des riches et des pauvres. C'est bourrin et stupide, le manque de subtilité rend les réactions des personnages incompréhensibles et très souvent disproportionnées. Tout le monde devient fou (et con) sans qu'on ne puisse vraiment comprendre pourquoi. Tout d'un coup le long-métrage se transforme en une espèce d'orgie gratuite des plus incohérentes avec les volontés premières du récit.


Ben Wheatley réussit pourtant de temps en temps quelques coups d'éclats visuels et narratifs, mais montre avant tout qu'il ne maîtrise pas son sujet. Il a dû l'apprendre à ses dépend en s'apercevant que le montage final ne fonctionne que rarement dans ses intentions. Ce n'est pas une distribution relativement convaincante qui arrivera à sortir High-rise de son embourbement narratif. Tom Hiddleston et ses copains ont beau est charismatiques, on se demande souvent s'ils savent vraiment ce qu'ils jouent.


A coups de clichés mal exploités, de thématiques éparpillées et de choix incohérents, le metteur en scène rate son pari et enterre définitivement son film dans les fondations de l'oubli.

MassilNanouche
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2016

Créée

le 20 avr. 2016

Critique lue 224 fois

1 j'aime

Massil Nanouche

Écrit par

Critique lue 224 fois

1

D'autres avis sur High-Rise

High-Rise
Morrinson
4

The harder they fall

Ben Wheatley. On commence à le connaître, le lascar. Un expert dans l'art de la provocation à des niveaux divers, thématique, esthétique, horrifique. Pour donner quelques éléments de contexte afin de...

le 31 mars 2016

46 j'aime

20

High-Rise
Vincent-Ruozzi
7

Snowpiercer prend de la hauteur

Adapté du roman éponyme de l'écrivain britannique J. G. Ballard sorti dans les années 70, High Rise est une histoire qui a tout pour plaire aujourd'hui. Sorte de dystopie en huis-clos, les...

le 3 mars 2016

45 j'aime

High-Rise
Velvetman
4

Révolution sous Xanax

Les œuvres de J.G. Ballard sont toujours fascinantes à transposer au cinéma, surtout lorsqu’elles sont remises entre de bonnes mains. Et quand la satire sociale de l’écrivain « I.G.H » se voit...

le 4 août 2016

40 j'aime

Du même critique

En attendant Bojangles
MassilNanouche
7

Pile ou Face

Le soleil. Une réception mondaine. Romain Duris (Georges) en charlatan fabuleux. Des bourgeois crédules. Une rencontre. Viriginie Efira (Camille) et l'élégance élancée d'une colombe. Puis une danse...

le 7 janv. 2022

26 j'aime

6

Ma Loute
MassilNanouche
5

Folie et légèreté sociale

C'est une sensation inhabituelle qui naît au générique de fin de Ma Loute quelque part entre la poésie tragique et l'incompréhension totale. Toute la séance durant, le ressenti n'a de cesse...

le 13 mai 2016

23 j'aime

2

Gangsterdam
MassilNanouche
1

"Le viol cool"

On est d'accord, on la viole pas ? Non, non... Non on la viole ou non on la viole pas ? Non, non on la viole pas ! clin d’œil... Non, on la viole pas. ... Non, mais je parle du viol cool, le viol...

le 1 avr. 2017

20 j'aime

21