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Avant la série Les contes de la crypte, les histoires de William M. Gaines connurent une première adaptation (existant sous trois noms différents, Les Horreurs de la Crypte, Histoires d'outre-tombe et Contes d'outre-tombe — ce dernier nom n'est pas à confondre avec celui d'un autre recueil sorti en 2009) sous forme de film à sketches tentant de réunir les meilleures, ou tous du moins celles qui pourraient avoir un fil conducteur commun. Ici le gardien de la crypte joue le rôle de moralisateur à cinq personnes qui moururent suite à un retour de boomerang, et comme ce procédé est souvent utilisé dans ces histoires, il ne fut pas dur de les trouver.
Globalement, elles sont toutes pas mal, mais comme dans tout recueil de ce type il y en a toujours d'autres qui s'avèrent plus savoureuses, et la sélection suivra l'ordre logique allant du moins bon au meilleur.
La première ne propose rien de vraiment original, une femme se retrouvant pourchassée par un Père Noël meurtrier après avoir elle-même tué son amant. La seconde, un poil plus substantielle, est probablement celle qui aura inspiré les scénaristes de Destination Finale, un des points cruciaux en étant très proche. La troisième est probablement la plus enfantine, remaniant une énième fois le mythe du génie de la lampe, exhaussant les vœux de façon inattendue et évidemment horrifique.
La quatrième marque une transition importante, un peu comme si elle avait été calculée pour apparaître à l'instant précis où les enfants seront partis se coucher. Un homme veuf (Peter Cushing !), aimable et généreux, pose problème à ses voisins qui le voient d'un mauvais oeil, celui-ci étant éboueur, et craignant donc pour le standing du quartier. Ils commencent donc une torture mentale pour le pousser jusqu'au suicide.
La dernière est encore une fois très noire, se situant dans un hospice pour aveugles, dans lequel le directeur décide de faire des économies drastiques, que ça soit sur le chauffage ou la nourriture, alors que lui-même continue à vivre dans l'opulence aux dépends de ses hôtes. Infirmes, cela n'empêchera pas ces personnes de concocter une vengeance à la hauteur du péché.
Bref, Histoires d'outre-tombe est une compilation sympathique qui se place plutôt bien parmi les œuvres du genre, tout du moins grâce à ses deux derniers sketches (et le premier en demi-teinte, assez novateur avec son killer santa, mais bien trop court).
Le spectacle, bien que moins jovial vers la fin, garde une certaine convenance, n'ayant recours qu'à des effets gores peu choquant, usant de sang rouge fluo et prothèses caoutchouteuses.
Globalement la réalisation est à la hauteur, bien que le dernier acte se démarque très largement, ayant recours à des plans assez sympathiques, dont notamment celui sur le hall de lames de rasoir, provoquant une montée de claustrophobie intense.
Côté casting nous n'aurons pas à nous plaindre, si ce n'est du gardien, qui à l'inverse de la série nous propose un Ralph Richardson en toge, qui n'a pas vraiment l'air d'être à sa place et loin d'atteindre le niveau d'humour absurde du célèbre squelette qui lui succédera presque 20 ans plus tard.
Pour conclure, les amateurs de films à sketches trouveront là un petit quelque chose divertissant qu'ils pourront ajouter à leur liste des meilleures productions du genre. L'aspect vintage étant très important dû à l'âge du film, les plus réfractaires auront du mal à adhérer à ses effets gores particulièrement obsolètes, mais néanmoins nostalgiques pour l'aficionado.
Mention spéciale pour Nigel Patrick, qui signe ici une interprétation efficace d'un directeur d'hospice d'une cruauté sans limites, suscitant une haine grandissante de la part du spectateur, du beau boulot.