Assassin's Machine

Adapter un jeu vidéo en film, voilà un sujet à polémiques.

Des Tomb Rider, Doom, Street Fighter, Mario et autres Resident Evil, les réussites sont rares; et les plantages nombreux. Indépendamment des volontés lucratives et peu innovantes des réalisateurs, les codes du jeu vidéo sont un monde à part entière, un monde parfois très distant des us cinématographiques.

Pourtant, Hitman fait partie des œuvres dont le synopsis peut très bien s'accorder avec un scénario d'Hollywood. Tueur à gage membre d'une organisation secrète, humain génétiquement modifié dès sa naissance pour devenir un assassin d'élite, l'agent 47 se prête mieux que ses semblables à un thriller d'action sur le grand écran.
En dépit de quoi, la première tentative d'adapter ce FPS sanglant au cinéma -en 2007- fut un échec. Succession de clichés, agent qui étalait plus sa beaugossitude qu'autre chose, demoiselle en détresse à aller sortir des orties, déjà-vu des films policiers… Une autre déception dans la lignée, sorte de Transporteur cheap avec un autre chauve.

Dès lors, sortir une nouvelle adaptation en 2015 relevait du pari risqué; mais le résultat est bien plus satisfaisant. Tout d'abord grâce à Rupert Friend, interprète réussi de l'agent 47, d'un flegme et d'une résolution glaciale. Sans haine ni rancune, sans aucune émotion, prêt à aligner ses cibles avec une précision chirurgicale en vidant méthodiquement ses holsters. La première scène, où se trouve le plan d'icônisation du héros d'Hitman, est saisissante.
Joutes au poignards, fusillades endiablées et rixes à mains nues (ou gantées) sont au rendez-vous. Ainsi, les scènes d'action sont d'honnêtes réussites. Correctement dosées, cinglantes, avec une brutalité bien mise en scène et notre héros qui assène des headshots en parfait self-control.
Cette identité visuelle, mix entre art martiaux et gunfight (ou le "kata du tir"), n'est pas sans rappeler Equilibrium ou encore de l'excellent film d'action John Wick (2013).
Hitman: Agent 47 s'autorise même quelques scènes décalées, preuve que le film ne se donne pas un genre trop pompeux et sait faire preuve de légèreté.

Certes, l'histoire développée dans le film ne s'approche pas de la complexité de l'intrigue des jeux-vidéo Hitman (comme souvent lors des adaptations). Les retournements de situation ne sont pas un festival de réchauffés, mais rien de très original non plus. Notons toutefois que le rôle féminin du long-métrage (Katia) a bien plus d'importance dans le synopsis que son équivalent call-girl de 2007.
Dommage que les moyennes-production de ce genre, avec des réalisateurs peu connus aux commandes (ici Aleksander Bach, inconnu au bataillon), n'osent pas s'écarter des morales déjà employées dans bon nombre de films. En l'occurrence, le "nous sommes ce que nous décidons d'être, nous pouvons faire nos propres choix et être libre blablabla".

VERDICT
Scénario: 2,5/5
Ambiance visuelle: 4/5
Jeu d'acteurs: 3/5
Musique: 3/5

L'œuvre est loin d'être parfaite, le message de fond est simpliste et le cliffhanger post-générique déjà-vu. Néanmoins, Hitman version grand écran a le mérite de se renouveler sous la houlette d'un autre réalisateur, de s'améliorer, et d'offrir un spectacle divertissant. Avec flingues et costar complet en laine italienne. Que demander de plus ?

Sur le blog