Patrick Hughes avait débuté sa carrière au cinéma après quelques court métrages dont un qui avait su faire impression. Son premier film, Red Hill est un western moderne efficace qui savait dans ses meilleurs moments dégager une atmosphère particulièrement qui le rendait intéressant malgré quelques faiblesses ici et là. Il intriguait, et Hughes posait les bases du filmographie qui aurait pu avoir son intérêt. Malheureusement son premier film n'a pas vraiment fait parler de lui et le metteur en scène à fini par atterrir à la réalisation de The Expendables 3, l'opus le plus désincarné et foutraque de la licence. Avec une réalisation proprement immonde, le film était totalement oubliable tandis que Hughes perdait grandement de sa superbe. Le revoilà donc avec son troisième film, The Hitman's Bodyguard, qui a pour ambition de surfer sur les buddy movies des années 80/90 et d'imposer sur grand écran un nouveau duo d'étonnant. Une comédie d'action qui semble de prime abord plus dans la suite de son The Expendables 3 que de son premier film et qui a donc une portée plus grand public.


Sur la réalisation, Patrick Hughes aura pourtant fait des progrès. Avec un budget qui n'est pas intégralement partie dans un casting XXL, le réalisateur est capable d'un tant soit peu soigné les contours de son film. Il varie ses décors, n'a pas souvent recourt à des fonds verts (même si ceux-ci sont légèrement visibles on est loin du ratage de son précédent film) et la forme est suffisamment carré pour convaincre. La photographie est quelconque, les effets spéciaux approximatifs surtout sur les explosions mais le tout se tient malgré un montage consensuel et linéaire. C'est très générique et propre comme cinéma dans la majeure partie, mais Hughes fait ici preuve d'énergie. Car même si le film manque cruellement d'identité et d'une mise en scène inspirée, il reste un divertissement d'action efficace grâce à des séquences musclées lisibles et avec ce qu'il faut de rythme et de brutalités pour maintenir éveillé. Il ne va pas révolutionner la formule mais en ce qui concerne les fusillades et les courses poursuites se montrent convaincantes malgré une tendance à trop en faire. Malgré tout, lors de quelques séquences Hughes arrive à apporter quelque chose de différent à son film. A travers divers flashbacks il apporte un style plus appuyé à son film. Que ce soit lors d'une séquence assez drôle où il parvient à créer de l'humour visuel suite à un décalage entre deux personnages qui tombent amoureux au milieu d'une baston particulièrement sanglante, ou alors il arrive à créer une mélancolie et une noirceur insoupçonné lors d'une séquence sur le background d'un de ses personnages. Plus terne et crépusculaire sur sa filmographie, il se rapproche lors de ce passage de l'imagerie de son premier film et en tire même la meilleure séquence de son long métrage. La scène apparaît ainsi presque en décalage avec le reste mais elle fonctionne et apporte un regain d'intérêt pour le film même si on aurait aimé que celui-ci cède plus à des audaces de ce genre.


Après le film doit beaucoup à son duo principal qui fonctionne très bien. Samuel L. Jackson et Ryan Reynolds ne livre pas des performances transcendantes, ils sont même dans leur cabotinage habituel mais ils prennent un plaisir communicatif à faire les pitres. Ils partagent une bonne alchimie et s'en donnent à cœur joie arrivant vraiment à donner une certaine sympathie au film. Malheureusement on ne pourra pas en dire autant des personnages féminins qui seront injustement mis en retrait et réduit à leur statue de love interest. Elodie Yung semble effacée tandis que Salma Hayek en fait beaucoup trop pour essayer d'être drôle et n'est pas aidée par une écriture qui manque de finesse. Pour compléter le tout, le trop sérieux Gary Oldman reste dans le même registre qu'il nous a habitué ces dernières années. Mais pour la défense des acteurs ils ne peuvent pas faire grand chose avec un scénario terriblement classique et prévisible qui accumule certaines lourdeurs. Entre un humour qui tombent souvent à plat et un délire qui manque cruellement de folie, la trame principale se révèle très légère au point que l'écriture cède aux facilités et à la gratuité de certains passages pour gonfler un peu sa durée. Certaines scènes étant ici totalement facultatives voire même incohérentes sur le plan narratif juste pour justifier une ou deux scènes d'actions en plus.


The Hitman's Bodyguard est un buddy movie qui ne révolutionnera pas le genre mais qui fait son job. Lourd et pas si drôle dans son scénario, le film doit surtout à l'abattage comique de son duo principal qui donne un certain plaisir à l'ensemble. Les deux acteurs fonctionnent indubitablement bien ensemble mais le tout est trop léger pour que l'on s'en souvient après la projection. C'est du cinéma fast food, qui arrive à caler sur le moment mais qui n'est pas suffisant consistant sur le long terme. Après malgré quelques tares techniques et un aspect foncièrement générique, The Hitman's Bodyguard reste un film plutôt bien emballé et qui remplit sa fonction de divertissement sans prise de tête. Efficace mais très oubliable.

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le 25 août 2017

Critique lue 628 fois

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Flaw 70

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