Humanisme sans angélisme
Le mot lui-même, autisme, n'est presque jamais prononcé dans Hors normes, non pour nier cette "différence" mais plutôt pour éviter de coller une étiquette tellement réductrice et bien pratique...
le 23 oct. 2019
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Roooooh que c'est dommage et paradoxal d'être aussi touchant et peu élégant dans sa manière d'être touchant! Ce film qui tente de parler d'une situation extrêmement précaire (les structures d'accueil des autistes qui, spoiler alert, manquent de moyens) s'arme de comédiens globalement intéressants mais d'un scénario très, très, trèèèèèèèès classique et prévisible.
Donc on a un point fort: un Vincent Cassel qui fait le français déclassé et dévoué, un bon Vincent comme on l'aime (ou le déteste hein, c'est assez binaire concernant sa gueule d'acteur), des personnes que je soupçonne ne pas venir du monde des acteurs mais du vrai monde, et un Reda Kateb qui passe plutôt bien (même si il fait Joe Star en moins sale, moins violent). Sauf que voilà, autour d'eux gravite des jeunes de banlieue, une magnifique Lyna Koudri, et des personnes pas assez vraisemblable pour s'attacher au malheur des situations qu'on sait détachées de la réalité (le coup du patron qui prend Josef, bah désolé, mais je suis pas convaincu par la scène ou il accepte de le prendre).
Et ce petit monde qui a du talent, de l'énergie, de l'émotion à revendre, baaah il a un scénario laborieux quoi! On rentre plutôt lentement dans le système avec une première partie pas assez efficace puis une seconde partie qui te rush l'émotion en jouant la carte de l'émotion trop vite: musique super sympa, trop bien choisie, scène qui fait pleurer (le coup de Josef qui sors du RER et appuie sur l'alarme), ça fait penser au final de Mummy de Dolan, vraiment! Mais contrairement à ce dernier, l'émotion n'est pas assez construite, on n'a pas assez galéré, on est pas convaincu... On voit bien la volonté de mettre l'humain au coeur du récit, montrer la difficulté de travailler avec des autistes, l'énergie, la conviction, la foi que ça demande... Mais j'arrive pas à m'y croire, m'y attacher... Il aurait fallu creuser la complexité psychologique de Cassel peut-être, montrer des jeunes qui font "plus" cité si on veut s'embarquer dans ce cliché.. comme ce délire de juifs et musulmans... je suppose que c'est en référence aux faits réels dont le film est sans doute adapté? Je ne vois pas ce que ça apporte, ça rend la situation des autistes moins importantes en faisant croire qu'on va parler d'autres sujets... enfin je ne sais pas...
C'est vraiment dommage que le film flotte autant dans la première partie pour balancer de l'émotion humaine à la pelle dans la seconde, c'est mal dosé et pas assez construit par moment, même si on voit ce que le réalisateur a trouvé de beau et qu'il n'a pas très bien réussi à nous le refiler... Paradoxal d'avoir été touché autant à la fin en voyant pourquoi on est touché, comme si je décortiquais la recette de mon émotion trop facilement au fil de la scène... paradoxal comme ces humains trop humains dans la vraie vie mais qu'on n'a pas réussi à rendre assez humains dans ce film pour s'y attacher et pleurer toutes les larmes de notre corps...
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Créée
le 3 oct. 2020
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