Une gifle. Une caresse. Un kiff

Hors-Normes est un film qui sublime la différence, quelle qu'elle soit, sociale ou physique. Il est un hommage à la bienveillance farouche d'hommes qui s'attachent à donner du bonheur à ceux qu'ils rencontrent. Comme Bruno et Malik, deux amis s'occupant chacun d'associations d'insertion sociale. Tandis que Bruno prend sous son aile et littéralement sous son toit des autistes dont aucun établissement ne veut assurer la charge, Malik propose à des jeunes des banlieues de devenir un de leurs tuteurs. Des associés du lien social, en somme. Un duo de choc qui fait se rencontrer des personnalités souvent blessées, parfois déconcertantes, souvent attachantes.

Il est une énorme gifle qui ouvre les yeux sur l'inadaptation de notre monde à la différence. Il est aussi une caresse attentionnée et rieuse. L'autodérision et le comique de situation ne manquent pas dans ce film, qui rit avec bienveillance des jeunes des cités pour qui le rapport écrit à rendre dans le cadre de l'association se résume à "kiffer" tout comme des autistes aux comportements pour le moins inattendus. Joseph et sa frénétique envie de tirer la sonnette d'alarme à chaque fois qu'il prend les transports en commun.

La légèreté de ton n'est jamais loin de la gravité, comme le rappelle Valentin caché sous un casque de boxe qui le protège d'accès de violence envers lui-même et les autres. Le film fera tomber le casque, autant qu'il fera tomber les codes, les préjugés et les ornières religieuses aussi. Car dans le bâtiment de Bruno cohabitent kippa, voile et croix.

C'est un film qui donne de l'humour, de l'amour et qui fait du bien. Une parenthèse de douceur et d'humanité, à l'image de la bande son, notamment la chanson finale "Bloodflow" des Grandbrothers.