Je vante souvent les années 80/90 comme étant ma période préférée en matière de cinéma (oui, je fais mon vieux con). Je suis pourtant très loin d’avoir vu tous les classiques de cette époque. Du coup, ça fait du bien de parfois m’y replonger afin soit de revoir certains de mes films cultes de jeunesse, soit d’en découvrir certains que j’ai pu rater pour X ou Y raisons. Nous allons nous intéresser aujourd’hui à Hudson Hawk Gentleman Cambrioleur sorti en 1991 avec en tête d’affiche une des superstars de l’époque, le bien nommé Bruce Willis. Pour tout vous avouer, j’avais complètement oublié l’existence de ce film. Mais lorsqu’il a fait son apparition sur Netflix, il était grand temps de réparer ce manque (poussé par ma femme qui en gardait un lointain souvenir). Et grand bien nous en a pris car nous avons passé un très bon moment devant ce film qui à son époque en marqua certains, mais pas pour les bonnes raisons…


A la fin des années 80, Bruce Willis est une des nouvelles superstars du cinéma d’action grâce au succès mondial de Piège de Cristal (1988) qui engendra pas moins de 140M$US à travers le monde pour un budget de 28M$US. Une suite vit le jour deux ans après, 58 Minutes pour vivre, et rebelote, le succès est encore là. 240M$Us de recettes dans le monde entier pour un budget de 70. Bruce Willis devient un acteur très bankable demandé par le public qui veut encore le voir péter la gueule à des méchants en mode badass. Lorsque le film Hudson Hawk est mis en chantier cette même année, les premières images et la bande annonce vont vendre le film comme le nouveau blockbuster d’action avec le nouveau chouchou du public. Le film sort en 1991 et c’est la douche froide. Le film est un échec public mais aussi critique, à peine 17M$US au box-office. Les gens ne comprennent pas pourquoi ils viennent de voir une comédie complètement absurde alors que ce n’est pas ce que le matériel promotionnel leur avait promis. Pire encore, le film écope de trois prix aux Razzies Awards : pire film, pire réalisateur pour Michael Lehmann (Fatal Games, Radio Rebels) et pire scénario pour Steven E. de Souza et Daniel Waters. Et encore, le film a échappé à trois autres Razzie puisque Bruce Willis était nominé dans la catégorie Pire Acteur, Richard E. Grant dans celui du Pire second rôle masculin et Sandra Bernhard dans celui du pire second rôle féminin. Quand ils n’aiment pas un film les Américains, ils n’aiment vraiment pas un film ! Heureusement, le film marche plutôt correctement à l’étranger et il finit sa carrière cinéma avec 97M$US à travers le monde pour un budget de 65). L’honneur est sauf. Pour quelques-uns, contre toute attente, Hudson Hawk a même atteint un statut de petit film culte, certains y voyant un excellent nanar complètement crétin. Et c’est vrai que le film est sacrément con, sans doute un des films les plus barrés de son acteur vedette.


Hudson Hawk s’apparente à un cartoon live sur bien des points. Il y a bien entendu les bruitages qu’on remarque immédiatement, qui semblent sortir tout droit d’un dessin animé et servant à accentuer le côté burlesque de certaines scènes. Il y a ces scènes un peu farfelues, souvent absurdes, où tout est grossi à l’extrême pour bien montrer que nous sommes ici dans une grosse pantalonnade. Il y a ces idées, souvent très fun, comme par exemple le fait que nos héros cambrioleurs, afin de synchroniser leurs actions, se mettent à interpréter une chanson d’une durée bien précise plutôt que d’utiliser des montres (les dessins animés sortant au cinéma à cette époque avaient la plupart du temps des chansons). Il y a également son côté complètement déjanté, avec son ton léger, décontracté où tous les acteurs semblent s’amuser comme des petits fous. Et il y a les personnages, qui à eux seuls valent leur pesant de cacahuètes. Citons par exemple ce groupe un peu farfelu composé de personnes qui ont tous des noms de barres chocolatées (Snicker, Kit Kat, …), ou encore le duo de grands méchants complètement fous interprétés par Richard E. Grant et Sandra Bernhard, en roue libre totale. En fait, seule Andy Macdowell semble à peu près normale dans ce film très différent que ceux dans lesquels elle a l’habitude de jouer.
Il est certain qu’en termes de scénario, Hudson Hawk ne casse pas trois pattes à un canard. Le film arrive même parfois à être confus, alors que son déroulement va aller d’un point A à un point B sans jamais dévier de sa trajectoire, car certaines transitions sont assez étranges (comme si des scènes avaient été coupées). Mais dans le genre bien barré, Hudson Hawk se pose là et on s’amuse. On s’amuse car l’humour fonctionne grâce à des dialogues très souvent savoureux. Bien entendu, il est à prendre au second degré, et c’est sans doute ce second degré qui a manqué au public à l’époque.


Bien que très loin d’être un chef d’œuvre, Hudson Hawk est une très chouette comédie d’action complètement décalée, aux sonorités jazzies décomplexées. Incompris à sa sortie par un public complètement dérouté par ce qu’il venait de voir, le spectacle proposé est pourtant très fun, foutraque comme il faut.


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cherycok
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le 18 déc. 2020

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