Hudson Hawk, gentleman et cambrioleur par 0eil
Vous n'imaginez pas combien cela peut être dur de critiquer Hudson Hawk. Vu la première fois à 11 ans, j'en avais gardé un souvenir enthousiaste, entre Indiana Jones et Le Dernier Samaritain. Revu hier soir, 15 ans après, j'ai été complètement abasourdi par le délire croissant du film, qui va en augmentant en permanence, jusqu'à, parfois, aller un brin trop loin...
Et pourtant, ça commence bien ! Eddie, alias le Faucon de l'Hudson, vient tout juste de sortir de prison après 10 ans passé derrière les barreaux. Comme tout bon héros qui se respecte, Eddie s'est promis de ne pas remettre ça : le crime, c'est fini pour lui. Maintenant, sa vie se partagera entre une étrange obsession pour le capuccino et un petit job dans une boutique quelconque. Toutefois, le destin n'en a pas fini avec lui !
J'aurais dû me douter, au moment où la tasse de capuccino explose en plein bar, conséquence tragique d'une rencontre fortuite avec un projectile tiré depuis le pistolet à silencieux d'un mafieux, que cela allait partir en sucette. Et pourtant, la scène des enchères m'a pris au dépourvu. Et j'avoue que j'ai aimé ça. Entre le délire grotesque et la drague lourdingue d'Andy McDowell, tout sonnait comme un espèce de rêve tragi-comique. S'ensuit une excellente course-poursuite en brancard ( "Dites monsieur ? - Oui ? - Vous allez mourir ? - Euh..." ) et la rencontre avec les agents de la CIA et jusque là, mes yeux se sont écarquillés, je n'étais pas bien sûr de comprendre l'enchaînement des scènes. Et pourtant, même si tout paraît honteusement décousu, manquant de liant, c'est assez jouissif pour maintenir l'intérêt à flot.
Et puis les rôles sont bons. Entre Tommy, le meilleur pote d'Eddie, avec qui il partage une vraie complicité, jusqu'aux Mayflower le couple de riches déments, la galerie s'allonge et à part un ou deux personnages passables (bah, Bounty, moi, il m'a pas fait rire) faut avouer que ce joyeux bordel prend bien.
En fait, le souci, c'est que quand je pense au film dans sa généralité, je ne peux m'empêcher d'y réfléchir comme un absolu bordel, justement. Avec un scénario qui part dans tous les sens et s'avère en réalité d'une simplicité assez remarquable, mais mal narré, des situations et des lieux qui s'enchaînent à la volée et des scènes carrément dispensables (Bruce Willis vs. le chef de la CIA, si ça, c'est pas une joyeuse purge !). Et pourtant, quand même, il y a plein de passages excellents, qui recèlent d'une vraie inventivité (le premier cambriolage, le retour à l'appart' d'Andy, le passage où cette dernière est défoncée, la course-poursuite citée précédemment, etc...). C'est bien ça mon mal : le film n'est pas mauvais, mais donne l'impression, parfois, de n'être qu'un prétexte pour enchaîner des séquences sans réel dessein, au point que même le personnage central, plutôt réservé au début, finit par péter les plombs complètement !
En bref, eh ben, ce qui me paraît le plus regrettable, en fait, c'est de voir combien Bruce Willis semble s'amuser en permanence... et combien ce n'est plus vraiment le cas dans ses derniers films.