Gros et vert comme un navet radio-actif
J'entends tout le bien que certains mettent à défendre ce film, notamment au nom du caractère adulte de la vision de Ang Lee "auteur", mais... non désolé, Hulk reste un mauvais film pour moi.
Pour que Hulk fonctionne, pour moi il fallait :
1) Une bonne iconisation des personnages, parce que nous sommes dans un film-comics, et là Ang Lee nous pose les persos sans les mettre en valeur => Nolte : campe un papa méchant approximatif et qui flirte avec le ridicule; Connelly : sans la mettre en nuisette, il y avait moyen de la rendre plus touchante; Bana : on aura beau me dire que David Banner est un pauv'type et que donc le rôle *exige* un jeu effacé, je ne crois pas à cet argument là, des loosers magnifiques on en a vu dans d'autres films, là on a un mou-du-gland avec son casque à vélo. Je passe sur les autres : tout simplement dispensables.
2) De l'action et de la RAGE: je veux bien qu'on développe toute la psychologie que vous voudrez, mais franchement... à part les bonds kilométriques et la séquence défoulatoire sur les tanks qui dure quoi ? 3 minutes ? on a quoi ? Rien ! On parle de l'histoire d'un titan vert qui incarne la Force et la Colère à lui seul. Moi je voulais un peu plus de Hulk, que ce soit directement avec de la casse, du béton arraché, et des immeubles qui s'écroulent; ou indirectement avec la présence d'une rage... d'un danger palpable quand on aborde les situations ou le cas Bruce Banner.
En l'état, j'ai l'impression que Ang Lee a honte de son sujet. Il ne va pas jusqu'au bout : il utilise des tunnels de dialogues pour expliciter, stabiloter des choses qui sont évidentes et d'emblée acceptées quand on aborde un comics. J'ai eu le sentiment qu'à l'écriture, Ang Lee a eu besoin de ses artifices pour se convaincre lui-même, pour dépasser sa peur du ridicule, pour pouvoir imaginer qu'on pouvait aborder un comics, même au postulat irréaliste comme Hulk, en y croyant et en faisant un boulot honorable et 1er degré.
Et ce ne sont pas ces découpages de l'image par split-screen qui vont me faire dire le contraire. L'exercice est joli, mais vain. C'est du même ordre que les trés longues expositions, et les dialogues : il veut se convaincre qu'il fait du comics. Nous on le sait déjà, et on attend désespérément qu'il traite son sujet au lieu de tourner autour.
Moralité, sous le couvert de nous servir une forme de tragédie où le personnage de Bana "tue le père" pour dépasser ses traumas, on a droit à ?... Nick Nolte qui mord un cable électrique (facepalm).
Le Hulk de Leterrier, qui suivra quelques années plus tard, a infiniment moins d'ambition, mais a le mérite de remplir son contrat : Hulk smash puny humans, et il le fait bien.