Il convient de préciser en début de cette critique que je n'ai pas lu les livres. Par conséquent, vous n'aurez pas le droit au traditionnel "c'est mieux dit dans le livre", quelle chance n'est-ce pas ? Mais cela implique également un certain manque de recul par rapport à l’œuvre originale (que je m'efforcerai de combler avant la sortie des 3 et 4ème films). Il est également utile de souligner que je spoil un brin. Mais un tout petit brin hein, pas grand chose.

Ce petit interlude informatif étant passé, place à la critique.

Hunger Games : L'embrasement, est comme son nom l'indique (pas forcément) la suite d'Hunger Games premier du nom. Une sorte de Battle Royal pour jeunes, en moins gore et en beaucoup plus américain. Hollywood l'a compris avec "Les Infiltrés" (entre autres), les remakes de production Ricard, ça marche toujours. Je sens d’ici le tas de pierres arriver par les fans du livre : « il dit n’importe quoi le type, c’est pas un remake, c’est une adaptation ». Ce à quoi je répondrais mes chers enfants : « ah parce qu’un livre ne peut pas être le remake d’un autre ? ». La boucle est bouclée, fin du débat.

Encore une fois je n’ai pas lu le livre mais les sorties respectives en 2008, 2009 et 2010 des différents opus contre une sortie japonaise du livre Battle Royal en 1999 et du film en 2000 me donne une assez bonne idée de qui a posé sa bite sur la table en premier. M’enfin je dis ça, je dis rien.

Autre source d’inspiration qui crève l’écran (et les yeux et le cœur aussi un petit peu parfois) : Twilight. Je vous refais pas l’historique des sorties « littéraires » (bon dieu que le mot est mal approprié pour ce type d’assemblage de pages de papiers, même l’arbre qui a été coupé doit se sentir violé) et « cinéma », parce que, d’un j’ai la flemme, et de deux on partira du postulat que tout le monde est d’accord pour dire que c’est sorti avant. Si certains proteste, j’organise moi-même un Battle Royal, on va voir si vous allez gueuler longtemps.

Mais je m’égare, je m’égare ! Hunger Games se présente donc comme un bain de sang entre jeunes gens (mais pas trop sanglant non plus) couplé à une histoire d’amour sentant bon la guimauve et le triolisme. Si au vu de ce cahier des charges on ne hurle pas « Joie et Bonheur », perso, je ne comprends pas.

Le premier opus relatait donc l’histoire de Katniss (j’attends avec impatience 2025 où un pauvre nourrisson portera ce nom) qui prend la place de sa sœur Primerose (Belotte) afin de participer aux Hunger Games (pour les anglophobes : jeux de la faim) qui ont lieu tous les ans afin de se remémorer la rébellion qui a eu lieu un jour contre le Capitole (le méchant gouvernement, on s’en doutait). Dans cette joyeuse aventure elle rencontre Peeta (Re-belotte et dix de der) et 22 Jean-Jacques (dont le nom importe peu puisque de toute façon ils vont finir par crever). Afin de faire court on dira que :
- Katniss est la moins expérimentée, elle a appris à se servir d’un arc mais on ne sait pas comment, elle passe de Bilbo le Hobbit à Legolas l’elfe des bois en 20 minutes de film et fini par poutrer tout le monde
- Il est censé n'y avoir qu'un seul gagnant, mais because « fuck you that’s why » et parce que l’amour c’est plus fort que la mort, Katniss ET Peeta finiront par survivre.
- Le gouvernement n'a pas plus kiffé que ça le coup de force de Katniss et compte bien lui faire déguster dans la suite.
- FIN !

Hunger Games nous laissait donc sur notre faim (celle-là, personne ne l’a jamais sortie, garantie sur facture) et nous faisait attendre avec une impatience folle la suite (oh, je sens comme une douce note d’ironie). A savoir que si je devais noter (et je vais le faire) le premier opus, il obtiendrait 4 petites étoiles. Le traitement de l’aspect tragique étant bien trop convenu, l’ensemble beaucoup trop lisse et hollywoodien. Jennifer Lawrence était loin de crever l’écran et l’aspect caméra sur l’épaule durant les teamfights me rendant plus nauséeux que Space Mountain 2. Disons que pour 8-12 ans au sens critique peu acéré ça passait (ainsi que pour la génération décérébrée des 18-25 ans, mais je prie pour que ces derniers ne me lisent pas) mais on était en droit d’exiger un peu plus !

Avec ce deuxième opus. Les 2h36 du film passent au final bien vite quand on regarde le contenu véritable. C’est un peu l’histoire du beurre et de la tartine : on n’a pas grand-chose mais on arrive à l’étaler sur une longueur ahurissante. Pour faire bref et sans (trop) de spoilers : Katniss et son (faux) copain Peeta font la tournée populaire pour dire à quel point « c’est chouette d’être en vie et franchement merci le Capitole, vous êtes coolos ». Mais le Président Snow (rien à voir avec Jon) est quand même pas super content, parce que bordel Katniss a réveillé des envies de rébellion chez tout le monde. Au vu de ce constat, il décide de la faire buter, mais genre propre quoi, pas juste une balle dans la tête dans la rue. Il organise donc les Hunger Games version 75 Expiation 3.0.
Maintes péripéties dans la jungle et une quinzaine de cadavres plus loin : cliffangher final et écran noir.

Dis comme ça, on pourrait croire que je résume de manière drastique mais pas du tout. C’est vraiment tout ce qui se passe dans le film. Il n’en reste pas moins qu’il est distillé une atmosphère plus sombre que dans le premier, les conséquences et enjeux se font ressentir ainsi que la détermination des protagonistes. Attention, on est loin des enjeux politiques d’un Game of Thrones à titre d’exemple, Hunger Games ne peut pas véritablement se prévaloir d’une quelconque dimension politique ou encore d’une aura véritablement tragique. Il reste cependant que pour un film d’ados, on vise un peu plus le haut du paquet, et ça, ce n’est pas si mal.

Hélas encore, peu de personnages seront vraiment développés au cours de l’histoire, le réalisateur ayant encore recours à la plus vieille astuce du monde : les Jean-Jacques. Comme dans le premier long-métrage, il y aura Katniss, Peeta et 22 Jean-Jacques : ces personnages clichés au possible, nés pour le remplissage. S’il est compréhensible qu’on ne puisse pas s’étendre sur les personnages secondaires, la présentation à la va-vite, histoire de sauver les meubles, ne trompe personne.
Malgré ce manque de développement, les acteurs restent corrects. Jennifer Lawrence élève son niveau par rapport au premier film mais reste loin de ce qu’elle peut vraiment faire, une chance pour elle de ne pas être rattaché uniquement à cette saga. Pour le reste, comme dit plus haut c’est du remplissage. E.Banks reste affreusement kitsh en présentatrice excentrique et on se marrera toujours autant de voir Lenny Kravitz dans un film.

Coté réalisation, Gary Ross a été délaissé au profit de Francis Lawrence. Adieu donc l’aspect raté de caméra sur l’épaule et bonjour les plans plus fixes. Malheureusement la réalisation n’est pas pour autant époustouflante. Certains effets (autant visuels que de mise en scène) sont ratés et gâchent quelque peu l’immersion dans ce qui se veut être un Koh-Lanta version hardcore. Je ne vais pas non plus tirer trop sur l’ambulance, tant la progression est notable depuis le premier opus, mais il y a encore du boulot avant d’atteindre le seuil de réalisation que je qualifierais « d’haletante ».

La réalisation souffre de son syndrome « Twilight », du fait qu’elle doit s’adresser, malgré toutes les prétentions du réalisateur, à un public adolescent. Je suis prêt à parier que F.L aurait aimé faire quelque chose d’encore plus sombre (ou en tout cas je le souhaite profondément pour lui) et délaisser ainsi quelques passages suintant la mièvrerie pour pucelle de 14 ans. Hélas, il est obligé de délivrer un produit d’une certaine conformité, coupant court à tout interprétation plus sombre du livre (dans 15 ans on aura peut-être un Hunger Games version Dark Knight, qui sait).

Au final, Hunger Games l’embrasement est une histoire tragique. Celle d’un film prisonnier de son public, condamné à plaire à une certaine tranche de la population, il ne peut s’affranchir de certains codes qui permettrait de faire de ce bon film pour ados, un excellent film qui parle à tous. Plus profond à certains moments, plus noir dans le traitement des idées que le premier opus, il ne parvient pas malheureusement à s’affirmer totalement. En espérant que cet Embrasement soit le début d’un feu de joie, car malgré ses défauts, il reste prometteur.
Samuel_C_
4
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le 29 nov. 2013

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Samuel_C_

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