Comme Terry Gilliam, Jean-Jacques Beineix a perdu son acteur principal en plein tournage. A la différence qu'Yves Montand est décédé des suites du tournage d'une scène de film. Une scène où il plongeait dans un lac glacé avec une combinaison de plongée. Il avait ensuite fait un malaise et il est mort d'un infarctus du myocarde en novembre 1991.
Des retouches de scénario ont dû être faites pour terminer le tournage et une doublure a été engagé pour tourner des scènes manquantes du personnage de Montand. Des prises de vue réalisées de dos, aidées par le fait que Montand portait un imperméable durant le film.
IP5 a probablement subi ce tragique événement au niveau de l'écriture, mais il tient la route. Mieux, contrairement à 37 2 le matin (1986) ou Diva (1981), le film a une durée adéquate d'1h59. Montand signe une belle dernière prestation, un baroud d'honneur qui n'en devient que plus évident au fil du film. Lui joue un vieux vagabond cherchant à retrouver la femme qu'il a aimé et sentant sa fin approcher. Face à lui, deux jeunes cherchant une vie meilleure et trouvant en cet homme un compagnon de route improbable. Montand apparaît tardivement, le film mettant avant tout en scène Olivier Martinez et Sekkou Sall dans un road trip.
Les personnages apparaissent rapidement comme attachants, ce qui permet de suivre leur périple sans déplaisir. Il n'y a rien de dingue dans leurs aventures, mais un côté touchant s'en dégage tout comme c'était déjà le cas dans 37 2 le matin. IP5 est une belle odyssée reposant sur des personnages sympathiques et bien joués.
Après ce film qui n'a réuni que 855 136 entrées, Beineix aura bien du mal à se refaire, refusant des projets venant de l'étranger (dont l'adaptation de Chapeau melon et bottes de cuir) quand il n'arrivait pas à les concrétiser en France après le bide de Mortel transfert (2001). Du coup, il s'est reconverti dans le documentaire, la bande-dessinée et le théâtre. Peut-être qu'un jour Beineix pourra revenir à la fiction cinématographique comme un autre "réalisateur du look" Leos Carax. Un jour...