Plein la vue

Si le titre de ma critique manque cruellement d'originalité et de subtilité, ce n'est pas le cas de ce film.

Après la réussite de Another Earth, un film déjà éminemment poétique, Mike Cahill envisage un projet assez ambitieux. Débutant comme une romance assez banale, tout en travaillant sur l'esthétique de l’œil par divers procédés, le film finit par basculer et toucher à diverses thématiques, tout en restant dans une justesse et une pertinence déconcertante.

C'est dangereux de vouloir remplacer Dieu.
Sofi, interprétée par Àstrid Bergès-Frisbey

En effet, le lien conflictuel entre une science sceptique et religion spéculatrice est un des principaux axes du film. Les technologies ici proposées sont réalistes, et elles posent des problèmes éthiques, toujours dénoncées avec le juste mot.

Les acteurs excellents, et magnifiés par la caméra de Cahill, qui trouve de parfaits procédés pour communiquer les émotions. Plusieurs passages se répondent, afin de trouver une véritable cohérence esthétique : le regard évocateur de la jeune fille et celui, ébahit, de Michael Pitt ; le silence lourd ou contemplatif et la musique de The Dø ; la découverte de l'affiche publicitaire tantôt par un long travelling, tantôt par un trans-trav.

Avec ses dialogues justes et appropriés, ses personnages sincères et attachants, et son atmosphère contemplative et solennelle (ainsi que sa très légère touche de science-fiction), I Origins se révèle être un film assez unique en son genre, un drame original et protéiforme qui suscite la réflexion tout en proposant une fin intense et discursive accompagnée de sa petite larmichette. Tout ce que j'aime.