Chaos infernal, manifeste, artiste, dégoût, détails, humanité, obsession, cinéma...

Voici quelques mots que m'évoquent un film qui les fait pourtant passer aux second plan, loin, très loin derrière les images. Et dire à leur sujet qu'elles sont simplement fortes seraient un doux euphémisme. Ce film est la somme d'un travail incroyable de la part d'un géant du cinéma, passionné. Elle lui a permis d'aboutir à cette succession de tableaux hors normes ornée de foultitudes de détails dont le qualificatif de baroques est certainement lui aussi beaucoup trop faible. On flirte plus avec le gore, et du lourd, qui pourra même provoquer l’écœurement, de certaines âmes en tous cas.

Si on a déjà vu des trucs incroyables, de la famille du Satyricon par exemple, ce foisonnement extrême n'en sera pas moins véritablement impressionnant, surtout lorsque l'on pense aux nombreuses difficultés causées par des conditions de tournage rendues forcément extravagantes en raison de budgets qui, en roubles constantes, n'auraient certainement pas permis à S.Kubrick de nous livrer plus d' ¼ d'heure de son « 2001, l'Odyssée de l'espace »

Son ex-femme confirme à son propos que « n’importe lequel des scénarios de Guerman est rempli de sens de A à Z » ; je n'en doute pas, même si je continuerai tout de même à regretter que celui-ci n'ai pas été plus facile d'accès ; l'art dans le cinéma me touche en effet davantage lorsqu'il parvient à me montrer clairement ce dont je soupçonne seulement l'existence, et/ou à me rendre simple à appréhender quelque chose qui ne l'est pas d'évidence.
On pourra quoi qu'il en soit légitimement estimer qu'en matière d'art cette question de sens ne revêt qu'une importance secondaire, où estimer que les propos sont suffisamment clairs à certaines oreilles.

Alors agé de 55 ans, Guerman confiait « lorsque je mourrai, mes pensées, mes souvenirs, disparaîtront avec moi. », peut-être, mais une chose est certaine, pas ce film culte en tous cas.