Après l’intermède Rock’n’roll de Good Morning England, le réalisateur et scénariste anglais Richard Curtis revient à son genre de prédilection, la comédie romantique. Déjà à l’origine de pépites d’humour et de romances telles que 4 mariages et 1 enterrement, Coup de Foudre à Notting Hill et Love Actually, le roi de la romcom reste dans le même registre avec Il Etait Temps, une histoire d’amour entre Tim, un anglais aussi roux que timide, et Mary, une jeune américaine pétillante, qui va s’étendre sur plusieurs années. Cela pourrait être une histoire assez banale si le jeune homme n’avait pas la capacité de voyager dans le temps, enfin seulement dans la temporalité de sa propre existence.

Tous les ingrédients de la parfaite comédie anglaise sont alors réunis : une intrigue simple mais remplie d’émotion, des dialogues ciselés à l’humour so british, un protagoniste aussi charmant que maladroit qui fera fondre les spectatrices, des personnages secondaires bizarres et déjantés,… Mais cette fois-ci, Curtis y ajoute un peu de surnaturel avec des voyages dans le temps aussi irréalistes que futiles pour l’intrigue (son passage dans Docteur Who, où il a réalisé un épisode récemment, lui aurait-il donné des idées ?) ainsi qu’une sorte de mélancolie qui imprègne toute la partie finale du film. Mais ces deux élèments, même s’ils sont vecteurs de l’originalité et du charme du film, restent mal maîtrisés par Curtis et finissent par donner quelques petites longueurs, accentuées par une musique lancinante un peu trop romantique qui finit même par couper l’intensité de certaines scènes, les faisant paraître ou trop graves, ou trop légères. Mais ces quelques défauts n’enlèvent rien au charme du film.

Or, le principal intérêt d’Il Etait Temps, qui le démarque d’une comédie romantique classique, est sa structure qui s’organise en deux parties. Durand la première heure, on assiste à une romance classique, ponctuée de quelques retours en arrière nécessaires pour que le héros, grâce à son « pouvoir », puisse séduire sa bien-aimée. Drôle et légère, c’est un régal pour les amateurs d’humour anglais et de romantisme, avec un enchainement de scènes drôles et touchantes comme le réalisateur en a l’habitude. Mais alors que le film pourrait très bien se terminer sur le mariage de ce couple parfait, Curtis nous emmène dans une réalité plus profonde, loin de la naïveté qui caractérisait le héros dans cette première moitié. Ainsi, dans un deuxième temps, des thèmes plus sérieux sont abordés (l’importance des liens familiaux, la responsabilité, la mort,…) même si à chaque fois un petit trait d’humour nous rappelle que nous sommes toujours dans une comédie. En définitive, ce film montre la vie, avec ses hauts et ses bas et ses moments heureux comme malheureux, avec ce mélange parfait entre le rire et l’émotion.

De plus, comme à son habitude, Curtis réunit un casting impeccable, bien que l’on s’écarte de la grande réunion du cinéma british qu’on avait pu voir dans ses films chorales Good Morning England et Love Actually. On retrouve ainsi un habitué du réalisateur, Bill Nighy, formidable dans le rôle d’un père amoureux de la vie et prêt à tout pour le bien de sa famille, toujours oscillant entre humour et émotion dans les scènes avec son fils. Pour le premier rôle féminin, on retrouve la seule actrice hollywoodienne du casting, Rachel McAdams, aussi lumineuse que d’habitude, qui se mêle avec un naturel et une facilité déconcertante dans cet univers typiquement britannique. Puis il y a Domhnall Gleeson. Déjà aperçut dans les derniers volets de la saga Harry Potter (Bill Weasley, le frère de Ron aux cheveux longs, souvenez-vous !) mais aussi chez les frères Coen (True Grit) et Joe Wright (Anna Karenine), il est LA révélation du film. Il est tout simplement irrésistible dans le rôle de cet amoureux maladroit dont le charme opère instantanément à chacun de ses sourires. Hilarant, mais également particulièrement touchant, il porte le film sur ses épaules, finalement pas aussi frêles qu’elles n’y paraissent.

Le résultat final est donc drôle et touchant, faisant d’Il Etait Temps un Feel Good Movie des plus efficaces, nous laissant avec un grand sourire aux lèvres pendant plusieurs heures après la projection, surtout grâce un acteur principal au top à suivre de très près.
Lilii
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le 8 déc. 2013

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Lilii

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