Tom Hanks fait lever le rideau et le sourcil quand il réalise un film ; ce n’est arrivé que deux fois. Il faut dire que la pétulance débordant de ses Forrest Gump, Robert Langdon et autres Chuck Noland pourrait difficilement ne pas constituer, en lui, toute l’équipe d’acteur, de réalisateur et de producteur qu’il a été pour Larry Crowne.
On ne peut qu’imaginer la tâche que cela a signifié pour lui de pondre un rôle qui se résume finalement à un attachant couillon, un benêt qui ne l’est pas tant sous le regard professoral d’une Julia Roberts vaguement revenue à la vie. Sa réalisation est fraîche, abusivement ensoleillée sans doute, mais fraîche.
Hélas, l’université qui est le décor de Crowne consiste en deux cours, deux professeurs et dix élèves. À croire qu’il a oublié les figurants, l’arrière-plan, bref : la vie. Cette ambiance en carton et ce fond désastreusement minimaliste donne un piètre terrain de jeu aux allers-retours entre les facettes de son propre personnage ; il est central et c’est normal, mais les orbites autour de lui manquent cruellement de recul.
Le résultat n’est pas pour autant médiocre, il est mignon – c’est aussi un euphémisme pour naïf, voire niais. Il y a très peu de catharsis. On dirait vraiment que Hanks avait l’habitude que plein de choses se fassent sans lui – sans qu’il soit dans l’incapacité de les faire, au demeurant. Sautant sur son scooter et saisissant la vie à pleines mains comme un Yes Man, il allonge une fin qui arrive pourtant vite, dans l’espoir que la musique continue engendre une sorte de conclusion.
Le verdict se rend avec une moue navrée : c’est un petit film, attachant mais mesquin, une expérience menée avec conviction mais sans boussole sur les terrains réconciliateurs de la sagesse et de la jeunesse (bien mieux réussie sous un même soleil par Jon Favreau dans #Chef – 2014).
Quantième Art