Proposé dans le cadre de la rétrospective Im Kwon Taek à la cinémathèque, Il neige sur la rue de la vengeance est issu de sa pléthorique période studio avide de mélos sirupeux, déclinaison au titre improbable piochée parmi sa soixantaine de films réalisés à l'époque, presque anecdotique s'il n'affichait pas une touche d'exploitation permettant d'en rire.


Cet étrange mélo mafieux début 70s objectivement pénible dont on peine par instant à espérer pouvoir s'échapper est néanmoins constellé de subites et plutôt nombreuses fulgurances nanardes qui viennent relever l'ensemble du reste pas trop mal cadré, Im Kwon Taek oblige malgré tout, mélange intime et abrupt d'un triangle amoureux au sein d'une mafia agonisante surligné à coups incessants de thème principal dégoulinant, improbable resucé souffreteux d'ambiance japonaise sur fond de drame coréen grassement désenchanté qui laisserait presque quelques souvenirs pouvant être abusivement qualifiés de mémorables.



  • Une belle amoureuse dénommée Yeosun nous est présentée face à Min, notre héros pianiste mafieux végétarien, continuant plus longtemps que tout le monde à l'applaudir pour bien lui montrer sa flamme, avant de s'en aller toute confuse de s'être laissée captiver par son charme d'ours brun en costume des bas-fonds de Séoul.

  • Notre héros pianiste mafieux se vide de ses larmes au téléphone découvrant qu'elle aussi l'aime, jusqu'à se rouler par terre de joie dans un concert de cris déchirants d'amour.

  • Min notre héros pianiste mafieux coupe court à son petit verre en amoureux en haut de la colline industrielle de bord de port enneigé pour péter la figure à une dizaine de la bande d'en face qui n'attendait que de se faire étaler dans la neige façon Sonny Chiba du pauvre.

  • Yeosun et Min mariés vivent heureux et plaisantent sur le riz constitué de trois couches : la première couche pas cuite en haut, celle du milieu cuite et celle du fond brûlée, preuve irréfutable de la médiocrité de ses talents de cuisinière.

  • La fille du chef mafieux est amoureuse de son demi-frère, notre héros pianiste aussi fils adoptif de chef mafieux, au grand dam du jeune Muk, antagoniste sanguin de Min, brute mutique aux lèvres proéminentes et au QI de gorille. La fille du chef mafieux prend très mal le mariage de Min et Yeosun allant jusqu'à collaborer avec la bande d'en face qui vient elle de toucher 200 millions de Wons via une facture certifiant un deal immobilier qui à ce niveau là demeure des plus obscur.

  • S'imaginant plus tard à moto s'encastrer à pleine vitesse dans la voiture de Muk (superbe mini mannequin à moto volant s'explosant sur une majorette) avant de décider de se jeter dans le trafic à contre-sens pour plus tard finir éjectée dans un fossé, où Min attendait que Muk découvre sa mort, pas celle de Min que Muk découvre vivant alors qu'il avait participé à le faire jeter enfermé dans une caisse en bois du haut du pont d'un cargo en pleine mer, mais celle de la fille du chef mafieux bien entendu, qui avait plus ou moins involontairement commandité le viol et la capture de Yeosun dans sa serre végétarienne. Tout cela bien après que Muk et Min aient casser des têtes de la bande d'en face sur ordre du chef mafieux au début.

  • Min capturé, ne trouve rien de mieux à offrir pour rançon contre Yeosun, que son bras droit en se le cisaillant lui-même d'un coup d'antique double tranchoir de boucher dans un authentique hommage au cinéma de la Shaw Brothers, le bras droit le long de son corps juste caché sous son imper. Alors qu'en fait, la bande d'en face ne sait pas où est Yeosun puisqu'elle s'est barrée...

  • Revenu par on ne sait quel miracle hirsute mais vivant de son séjour enfermé dans une caisse en mer avec un seul bras, Min tabasse alors la Vipère, un sous-fifre pas le serpent, et parvient à récupérer des photos, preuve incontestable de l'assassinat de son père le fameux chef mafieux. On y voit même un mec en train de poser prêt à entamer une marche arrière, braqué sur le corps du chef mafieux parfaitement prédisposé derrière les pneus, ainsi paré à l'efficace spectacle à venir.

  • Finalement, après s'être fait tiré dessus par le chef mafieux de la bande d'en face parce qu'il jouait du piano chez lui, euh non, parce que Min venait juste de le tuer, plus logique, Min s'écroule puis se relève, prévient la police et enfin boite jusqu'au bord du port pour rejoindre Yeosun qui repart au Japon en Ferry, afin de tenter de lui expliquer qu'en mettant un bout de charbon dans le riz, on peut éviter les trois couches.

  • Bien avant qu'il ne s'effondre enfin définitivement aux grilles du Ferry, Min aura achevé la Vipère d'un cinglant : "j'ai pas envie de te tuer, suicide-toi !"


Et une bonne année !

drélium
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le 2 janv. 2016

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