Passée l'introduction, le film est une bouillie narrative sans structure, mal incarnée par des acteurs sans conviction qui peinent à donner corps à leur personnage.


Pourtant c'est le genre d'univers qui me botte le plus : les différentes factions d'un futur incertain qui s'affrontent au milieu d'une société froide et corrompue. Sur le papier c'est classe.


Malheureusement, le talent de Kim-Jee Woon n'a pas réussi à venir à bout de tant d'ambition. En même temps, le pari était risqué : faire un remake live d'un monument de l'animation nippone, tout en le transposant dans un cadre de conflit entre les deux Corée. Déjà, pour ceux qui ont vu le produit original, on se doute qu'il n'y a pas grand chose de plus à apporter, tant son animation est virtuose, son sujet maîtrisé et sa narration limpide.


On se retrouve donc avec un scénario bancal où tout le monde semble se demander ce qu'il fout là, des comédiens aux spectateurs. Coincé entre la volonté de ne pas dénaturer l'essence originale de Jin-Roh et l'envie d'apporter du neuf, le réalisateur s'emmêle les crayons en essayant à tout prix de rattacher les éléments historiques de sont pays, à une oeuvre qui métaphoriquement racontait déjà l'absurde rivalité entre gens de même sang pour asseoir leur idéologie. Kim-Jee Woon lui-même le faisait très bien d'une manière plus historique, deux ans plus tôt avec son très bon Age of Shadows, et Park Chan Wook ou même John Woo à Hong-Kong avant lui, avec leurs respectifs JSA et Bullet in the Head.


Tout ça pour dire qu'ici, le conflit entre les deux nations devient anecdotique, puisque le film pompe tout simplement les mêmes scènes à l'anime, noyant son sujet à la fois dans des plans interminables déjà vus, mais aussi dans le sujet-même du film d'origine. Le métrage est une succession de plans iconiques sans réel lien avec le script. On passe donc de séquences dramatico-pathétiques à de la grosse action bourrine avec la caméra qui bouge dans tous les sens, ce qui rend l'ensemble plutôt indigeste et nous fait vite regretter de nous être lancé dans l'aventure. Difficile de ne pas décrocher toutes les dix minutes tellement tout devient nébuleux et pénible à suivre. Seules les dernières 40 minutes proposent enfin une bonne mise en scène, avec de l'action qui dépote, mais à ce stade on en a déjà plus rien à foutre et on prie pour que le calvaire s'arrête.


Un film qui je pense partait d'un bon sentiment, mais qui s'essouffle trop vite et trop souvent. Moins catastrophique que Death Note, moins putassier que Ghost in the Shell, mais tout aussi chiant que les deux réunis, Illang ne fait pas le poids face aux chef-d’œuvres coréens déjà existants. Ce qui vient à nous poser la question : son existence est-elle utile ?

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le 5 déc. 2018

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