Funny thing, killin' a man. You take away everything he's got and everything he's gonna have.

Unforgiven est presque un film-somme pour Clint Eastwood : dédié à ses deux plus grandes influences, Don Siegel et Sergio Leone, joué avec deux acteurs qu'il apprécie et qu'il dirige fréquemment, Gene Hackman et Morgan Freeman, et bourré de paradoxes, comme sa carrière.

Un véritable tournant pour Eastwood, qui laisse derrière lui ses penchants pour le western et la violence gratuite avec ce dernier hommage, lent, contemplatif, touchant mais aussi très frustrant. Clint le Grand se détache du personnage de l'Homme Sans Nom, qu'il a si souvent incarné, en en faisant un vieux bandit usé, rangé, calmé, et même en lui donnant un nom (un de ceux qu'utilisait parfois Billy the Kid) ; et il prend ses distances avec la violence, qu'il a longtemps accomplie à l'écran, semant la mort et le chagrin avant de se découvrir pacifiste et désabusé à la fin de sa vie. Dans un dernier baroud d'honneur, Clint fait parler la poudre mais n'enterre pas que les shérifs qu'il descend ; il met aussi en terre l'Inspecteur Harry et ce cow-boy au poncho qu'il incarnait si bien.

Et sur sa lancée, tout fier de son habit de fossoyeur, Clint donne une éloge funèbre au Western, même si des petits malins braveront sa parole et continueront d'embarquer des caméras dans le Far West ; son anti-héros est un vieux bandit, presque lâche, dont la tentative de rédemption échoue. Tous les standards du genre sont filmés mais transgressés : le point de vue, les personnages, la fin... Impitoyable se pose comme le dernier des westerns classiques et son renouveau à la fois.

Malheureusement, devant tant d'ambition, Eastwood échoue à donner un grand film ; son œuvre est plombée par un problème de rythme, et ne semble jamais s'élever, alourdie par sa tâche de croque-mort ; il filme le beau mais ne le transmet pas, il cherche le lyrisme mais ne l'atteint pas.

Un film important dans l'histoire du cinéma américain, puisque pivot de la carrière d'un de ses derniers mythes vivants ; mais en partie réussi seulement, et nettement en-deçà de son influence primaire, la Trilogie du Dollar de Leone-Eastwood-Morricone.
Lucas Stagnette

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