Un bon conseil, d'entrée de jeu : ne vous fiez surtout pas à l'affiche, ni à la campagne de promo lancée lors de la sortie en salles. Vous penseriez forcément qu'il s'agit d'un film à la vacuité abyssale destiné uniquement aux midinettes décérébrées collectionneuses de chaussures. Or, le dernier film en date de Curtis Hanson, déjà responsable de L.A. Confidential et de 8 Mile, est tout sauf cela, et est surtout beaucoup plus qu'un simple divertissement. Le film raconte l'histoire - tellement rebattue - de deux soeurs que tout oppose : Maggie (Cameron Diaz), instable, délurée, sex addict, et Rose (Toni Collette), sérieuse, bosseuse, désespérément seule. Leur seul point commun est la passion pour les chaussures. Rose va se retrouver obligée d'héberger sa soeur, et celle-ci va, en plus de foutre un bazar sans nom dans son appart et de lui piquer ses innombrables paires de chaussures, coucher avec le beau type qu'elle vient juste, et après d'innombrables efforts, d'emballer. S'en suit une effroyable dispute, et une mise à la porte de Maggie, qui, se retrouvant sdf, décide de partir à la recherche de leur grand-mère dont elle vient à peine d'apprendre l'existence, dissimulée par des parents assez immondes. Et là, le film, qui était déjà très agréable à suivre, bascule complètement. Les retrouvailles avec la grand-mère (une émouvante Shirley MacLaine) transforment cette comédie vitaminée en oeuvre beaucoup plus intime et intense, évoquant à plus d'un titre (dans la narration, la distillation de l'émotion, la mise en scène, le choix des couleurs, les cadrages) les dernières oeuvres de Pedro Almodovar. Maggie va changer au contact de sa grand-mère retrouvée, les deux soeurs vont se rabibocher, et le très beau happy end final n'aura rien de putassier ni d'attendu. Il évoquera au contraire les grandes heures de la comédie sentimentale hollywoodienne, celle de l'époque où l'on pouvait émouvoir les gens avec des émotions simples et pures sans pour autant les prendre pour des imbéciles.