C'était un de mes films préférés.

Oui, lorsque j'ai vu pour la première fois Inception, j'ai été bouleversée. J'ai trouvé cela tellement fou, original, intelligent. J'ai trouvé qu'il y avait tellement de prises de risques, quelque chose que je n'avais jamais vu avant dans un film. Et cette fin, que je n'avais pas vue venir, puis toutes les théories, qu'on entendait de ses amis, qu'on voyait sur le Web, et celles aussi qui disaient "non mais regardez, c'est ma théorie qui est la bonne au vu de cet indice !". Tous voulaient comprendre le film, la fin du film, le but du film. Oui, Inception est rapidement rentré parmi les films cultes, et j'étais ô combien fière de l'avoir vu, et ô combien fière de partager cette liesse populaire de discuter avec de nombreuses personnes sur la portée philosophique du film.

Oui, mais ça, c'était avant.

C'était avant de voir d'autres films, notamment Paprika de Satoshi Kon (et d'une manière générale, l'ensemble de la filmographie de Kon où il y a un travail fou sur les notions de temps, d'espace, sur la mise en scène, les transitions...), sur le traitement du rêve, de la réalité (coucou Millenium Actress), des niveaux de rêve... Ça m'a étonnamment rappelé quelque chose.

Et ça m'a prouvé que sur le même thème qu'Inception (dont on m'avait vendu que c'était le chef d’œuvre de Nolan, qu'il avait passé 10 ans à l'imaginer... Je ne sais pas donc s'il s'agit d'un hasard, d'un hommage ou d'une inspiration qui lui a donné un souffle sur le traitement de son idée, mais dans Inception on retrouve quand même la même idée plan par plan que dans Paprika (le miroir cassé), et j'avoue que cela m'a laissé un peu perplexe), on pouvait faire plus court, plus rythmé, plus efficace, poser des questions, en un mot, faire quelque chose de mieux sur ce sujet à mon sens.

Car oui, Inception, c'est deux heures ou plus de film. Dont on pourrait allégrement retirer :
- la première heure où on va t'expliquer à quel point c'est fifou le monde des rêves, qu'il y a plein de niveaux, que c'est trop compliqué et qu'il faut être expert (truc qui est expliqué en 3 plans dans Paprika en somme, oui, je cite beaucoup ce film !)
- le personnage de Ellen Paige dont je ne me rappelle plus le nom mais qui est là pour mettre un novice dans le scénario à qui on explique tout (car c'est bien mieux de passer du temps à mettre des longs dialogues pour expliquer que houlala, c'est complexe, faut bien que tu comprennes sinon tu vas trop être perdu)

Pourtant, est-ce que cela en fait un mauvais film et Nolan un mauvais réalisateur ?

Loin de là.

Inception en tant que film fait partie de ces films malheureusement survendus. Parce qu'en tant que blockbuster, il a apporté quelque chose de nouveau, des thématiques originales... Mais des thématiques déjà existantes dans de plus petits films qui traitent ces thématiques globalement de la même manière dans la mise à l'écran mais plus efficacement et qui n'ont pas eu la chance d'être connus avant Inception.

Nolan reste un bon réalisateur, avec sa patte dans ses films, sa manière de filmer (ou de faire filmer, ou de faire traiter l'image), sa manière de faire des effets spéciaux, et que dans un sens, ce film représente bien le cinéma de Nolan, dans les excellentes comme dans les moins bonnes choses (non, Cricri, on a pas besoin que tu nous tienne la main pendant une heure pour comprendre ton univers !)

Inception reste évidemment un film à voir, avec son Di Caprio tourmenté et sa galerie de compagnons (qui finalement ne sont vraiment pas creusés en termes de personnages, seul Cobbs a le droit d'avoir une histoire et un passé parce que c'est le chef, les autres, ouais bof). Mais pour moi, ce n'est pas la claque cinématographique que l'on noie de louanges.