Mention : Hypnotique

Paul Thomas Anderson est un réalisateur pétri de talent, c'est évident dans chacun de ses films. C'est donc encore vrai avec Inherent Vice. Mais la légèreté des premiers films continue de s'estomper pour laisser place à un récit quelque peu fastidieux, ce qui fait suite à la déception The Master.

Comme avec le film précédant, le contexte de l'intrigue et son postulat sont très intéressants. Après la question de l'extrême influence d'un gourou, le portrait d'une génération en proit aux vices; "sexe, drogues et magouilles". Sur le papier ça a tout pour être génial, surtout sous le regard de Paul Thomas Anderson. Mais l'ambition le rattrape, et comme pour The Master, il met bien trop de complexité et de gravité au scénario d'Inherent Vice.

Les personnages sont nombreux et apportent tous un rôle figuratif. Ce qui fait que l'histoire se disperse, elle ne fait qu'effleurer la dimension profonde que chacun des personnages pouvaient dégager. De fait, on ne ressent pas franchement l'enjeu du récit, pourtant écrit comme un polar.
Pas même de suspense autour de la question principale de l'intrigue, qui reste anecdotique en fin de compte. A force d'être garni, le propos devient un bouquet trop étoffé et truffé d'éléments, dans lequel on se perd facilement.
Comme il est difficile de rentrer dans cette histoire, les presque deux heures et demie peuvent vite paraître interminables, malgré quelques moments de fulgurance dans la mise en scène.

La virtuosité de Paul Thomas Anderson apporte tout de même certains passages d'une rare beauté. Une précision à l'image qui rend la photographie toujours aussi remarquable, avec un travail nouveau sur le fluo qui fonctionne à merveille. Un goût sûr pour les choix musicaux également, de Johnny Grinwood à Chuck Jackson en passant par deux sublimes morceaux de Neil Young. Une sonorité très pop enthousiasmante, qui nous réveil de temps à autre. Une bande son marquante !

Pas si acide, pas vraiment hallucinant, Inherent Vice est surtout un tourbillon hypnotique qui peine à captiver profondément.

Note : 11 / 20

Créée

le 8 mars 2015

Critique lue 366 fois

3 j'aime

Adam Kesher

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