L'art de se prendre un truc étrange entre les deux hémisphères

Je me demande si ce type est comme ça dans sa tête tous les jours. Si c'est le cas, ouais, il doit se sentir vachement seul. Ce n'est pas qu'un fou incompris, il cherche pas une seconde à l'être.

Dès les 20 premières minutes, il annonce la couleur. Il prend ta tête entre ses mains, enlève doucement le cerveau de son emplacement et fait pénétrer sa chose avec violence entre tes deux hémisphères (je parle de son film là, qu'on s'le dise). Ces 20 premières minutes c'est de la folie, oui, mais de la folie méticuleuse. Les gros plans obsèdent, la musique enivre, les dialogues sont barrés. On se demande tout de même s'il va tenir le rythme sur 3h.

Si les 20 premières minutes c'est quelque chose d'assez organisé et finalement juste décousu niveau linéarité scénaristique, le reste tient à proprement parlé du délire d'un camé sous mescaline, amphet' et champis. Alors comme dans tous les Lynch, on commence le film en se disant, bon celui la je vais le comprendre, suffit que je me concentre un peu et ça ira. Grosse erreur. Plus le trip s'accentue plus on décroche pour finalement entrer complètement dans sa bulle fermée. On se retrouve juste hypnotisé par ces plans défiants la logique, résonnant comme un stroboscope dans notre pauvre petit cerveau en ruine.

Même si parfois on est pas toujours pris dedans, 3h d'un truc incompréhensible c'est pas forcément facile à tenir, on en profite pour relâcher la pression qu'il a instauré depuis 10 minutes. Là où le génie perce, au delà du génie psychopathe, c'est cette montée crescendo, ces moments de calme se font plus courts, et à cet instant on implose du cervelet.

A ce jour c'est le seul homme que je connaisse qui filme le rêve avec la plus grande exactitude. Regarder un de ses films, c'est rêver éveillé, ça n'a pas de sens, c'est beau, parfois ça fait peur, parfois rire... Bref, sacrée expérience.
Rumol
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le 5 mai 2012

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