Étant une grande admiratrice des frères Coen et ayant déjà vu une partie de leurs œuvres les plus connues (Fargo, No Country For Old Men), je me suis penché il y a peu sur un de leurs films les plus récents : Inside Llewyn Davis.  Un film qui, pour le coup, n'a pas laissé une grande trace et est souvent considéré comme mineur dans leur cinéma, mais qui pourtant m'a touché par sa subtilité et son apparente simplicité. 
L'histoire se passe dans le New York du début des années 60. Llewyn Davis (incarné très justement par Oscar Isaac, qui prête aussi sa voix à la bande-son) est un musicien folk qui tente tant bien que mal de se lancer dans une carrière solo. On le découvre dans un café sombre, chantant et jouant de la guitare devant un public silencieux mais attentif. On le suit ensuite pendant environ une semaine, découvrant peu à peu son mode de vie, son caractère, et aussi, inévitablement, ses échecs, qu'il promène tranquillement à travers la ville. Squatteur sans le sou, chanteur égocentrique, Llewyn fait ce qu'il peut pour vivre de sa musique, sans véritablement y parvenir. Grand classique des frères Coen, le personnage loser, sorte de anti-héros qui nous fait rire autant qu'il nous touche. Coincé dans une sorte de boucle qui se répète, il erre tantôt à New York et dans sa banlieue, tantôt à Chicago ou bien sur la route entre les deux.
Le film s'inspire entre autres de Dave Van Ronk, ami de Bob Dylan, effacé des mémoires (n'ayant pas connu le succès de celui-ci). La pochette de l'album de Llewyn (qui prête son nom au titre du film) renvoie à celle de l'album Inside Dave Van Ronk.
Parmi les péripéties de Llewyn, il y a celle du chat des Gorfein. Après une nuit passé dans le canapé de l'appartement de ces derniers, il laisse malencontreusement le félin roux s'échapper. Il est ensuite au téléphone avec la secrétaire du professeur Gorfein, et, essoufflé et un peu paniqué, essaye de lui expliquer qu'il a le chat avec lui et qu'il ne faut pas qu'il s'inquiète de son absence : «Llewyn has the cat», ce à quoi la femme lui répond : «Llewyn is the cat ?». Cette réplique, outre son comique, est moins anodine qu'elle n'y paraît. Se dresse effectivement tout au long du film un parallèle entre le personnage de Llewyn et le chat. Le nom même de ce dernier confirme toute la symbolique du lien qui lient les deux individus.
Sans être l'une des œuvres phares du cinéma des Coen, Inside Llewyn Davis reste un excellent film, à voir (et même revoir, pour comprendre véritablement l'aspect de boucle ainsi que la symbolique du chat).
loubbn
8
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le 30 mars 2017

Critique lue 212 fois

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