Llewyn Davis. Joueur de folk music. Pas un sous en poche, il squatte des canapés de foyer en foyer. Il n'a même pas de rechanges. C'est l'hiver à Brooklyn, et les pompes imbibées de neige, Llewyn ne sait toujours pas où aller... Alors il vagabonde, joue quelques morceaux dans des bars, se fait insulter par une ancienne conquête qu'il a mise enceinte, se fait taper sur la gueule après avoir osé broncher par orgueil... Bref, un raté qui aura pour seule consolation et intérêt, un chat.

Nul doute, nous sommes bien dans un film des frères Coen. Le personnage est brossé et teinté d'un humour très noir, qu'on ne peut dissocier du talent d'écriture des deux frangins.
Llewyn est un personnage qui nous fait rire, car rien ne lui réussi. Complètement impuissant et dépassé quand il apprend être le père d'un garçon de deux ans, il se mettra pourtant en quatre pour ramener un chat fugitif à son propriétaire. Rentrant dans un colère noire lorsqu'on ose chanter le texte de son ancien partenaire de musique, il reste cependant de marbre face aux multiples insultes qu'une de ses conquêtes lui balance au visage.

Dès lors, son parcours durant les 1h45 de film n'a ni queue ni tête, comme son existence, comme le texte de ses chansons. Pourtant on se laisse balader, car Llewyn ne sera pas le seul personnage atypique de ce récit musical.

Oscar Isaac signe là sa meilleure performance et confirme ses grands talents d'acteurs. Surtout lorsqu'on le retrouve auprès de sa partenaire de jeu dans "Drive", j'ai nommé la craquante Carry Mulligan, transformée avec ses cheveux raides et sa frange.
Justin Timberlake régale dans la peau du musicien plus bête que méchant. Pourtant, il signe la musique du film la plus entêtante ("500 miles, 500 miles, 500 miles, 500 miles..."), mais aussi la plus drôle (lors de la scène d'enregistrement avec Llewyn).
Et comment oublier l'immense Goodman, qui nous laisse esquisser un sourire à la vue de son profil, sans même qu'il n'est besoin de parler.
Puis il y a le chat, qu'on a tout de suite envie d'adopter. Véritable symbole d'insouciance et de liberté, ce à quoi Llewyn aspire finalement, avec l'agilité en moins.

"Inside Llewyn Lewis" est dans la lignée d'un "A Serious Man". Un film à la fois délicieux et dramatique, tendre et touchant. On rit pendant le film, mais les larmes peuvent nous monter au lancement du générique de fin.
Les Coen nous ont souvent habitué à leur final singulier. Celui-ci ne manquera pas de vous faire réagir. Car oui, cela reste une triste histoire... Heureusement qu'elle nous est conté en musique !

http://www.youtube.com/watch?v=PWKCle3ztK0
Théo-C
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le 12 nov. 2013

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