Ce film d'épouvante, du réalisateur du premier Saw, raconte ici une histoire de fantômes, de possession et de maison hantée, c'est-à-dire qu'il fait de sa production un objet de consommation parfait pour les friands du genre. Malgré un début ennuyant et très cliché (la famille qui emménage dans une nouvelle grande maison dans laquelle des évènements étranges surviennent), les effets minimalistes ont tendance à surprendre et à provoquer des sueurs froides réussies! L'histoire se coupe de toute violence abusive, d'effet gore inutile et d'une caméra tremblante mais se concentre davantage sur nos souvenirs de trains fantômes où il est impossible de faire marche arrière, on embarque dans un univers gloque et lugubre, assisté par une bande originale stridente mais dérangeante, se cramponnant jusqu'à la sortie du labyrinthe... Cet enchaînement de sursauts inattendus banalise considérablement le jeu des acteurs qui n'est pas exceptionnel (la version française, comme toujours, y est pour quelque chose), si bien que les scènes où on visite l'intérieur des personnages (les crises de panique de Rose Byrne) deviennent transparentes. Retrouver Barbara Hershey dans ce second rôle, tellement moins bottoxé que dans "Black Swan", est cependant plaisant. De nombreux éléments, que ce soit dans les dialogues ou les situations, sont ridicules au possible (la scène de spiritisme effondre toute plausibilité et on se marre au lieu de flipper). Face à cela, l'aspect grotesque et vicieux des esprits instaure un malaise et une esthétique malsaine forcée mais efficace. On retrouve l'esprit du réalisateur avec ses effets accélérés et une photographie pâle mais aussi dans l'image du Démon, dont l'apparence se rapporte un peu à celle de la marionnette Jigsaw (il en fait d'ailleurs un clin d'oeil direct en l'illustrant sur le tableau de la salle de classe!). La première partie est davantage suggérée et on fait travailler l'imagination du spectateur, on pense irrémédiablement à Paranormal Activity ou encore Les Autres, où on voit tout et rien à la fois, entendant des voix et des sons glaçants. L'univers train-fantôme est très bien exploité dans la seconde partie en instaurant différentes atmosphères, plus ou moins macabre (perdu dans le brouillard comme dans The Fog, la maison déserte pleines de présences comme dans La maison de cire, l'apparence de certains fantômes font penser à Shinning, les présences obscures en arrières plans sur les photos comme dans The Grudge, l'Enfer rouge vif dans le grenier avec la figure du Démon un peu comme Le Labyrinthe de Pan et la scène de spiritisme est aussi un grand classique du genre,..). Le scénario tente aussi de surprendre mais le "switch final" est plus qu'attendu! Insidious s'en sort très bien car il confond bien toutes ses données et manipule parfaitement le spectateur dans des effets efficaces, seulement voilà, les sueurs froides sont là une fois mais pas deux ! Car comme dans un train fantôme, on a moins peur au second tour car on connait le truc ! Pour moi, ce film est malin mais pas si original que çà...