Insidious est le quatrième film de James Wan, bien connu pour avoir réalisé le premier métrage de la saga Saw, désormais culte. Mais pour le réal’, Saw était simplement son ticket d’entrée dans le cinéma pour se faire remarquer par des producteurs et il ne reflète pas vraiment son style, dans la mise en scène ou même dans ses préférences thématiques. Le monsieur dévoile son amour pour l’épouvante des années 70 avec Dead Silence, sa seconde œuvre, un superbe hommage à ce cinéma à l’ancienne, brillamment mis en scène et réussissant sans mal à nous foutre les chocottes !
Insidious s’inscrit dans le même registre avec la même note d’intention, à savoir nous faire peur, mais sans tomber dans la redite.
La confiance portée au bonhomme est payante puisque le film est une pure réussite. Dès le générique, on nous plonge dans une atmosphère très gothique appuyée par l’excellente musique du compositeur Joseph Bishara. Oui, l’horreur sera insidieuse… Que dire de la mise en scène si ce n’est qu’on ne peut la qualifier que de virtuose tellement elle exploite à la perfection nos peurs et arrive à se jouer des attentes du spectateur, même le plus habitué aux classiques jump-scares qu’on nous sert et ressert dans la majorité des soupes horrifiques modernes. On sursaute avec plaisir, aidé par une orchestration particulièrement habile et intensifiant chaque scène d’une atmosphère réellement pesante. On peut saluer les efforts constants du métrage à maintenir cette tension qui va évidemment crescendo jusqu’à un final magistral et jusquauboutiste. Le métrage n’affiche d’ailleurs aucune baisse de rythme avec une narration parfaitement fluide et regorgeant de surprises. Car même si on navigue en terres connues (on est évidemment dans le « classique » film de fantômes) James Wan appose clairement sa patte personnelle tout au long du film, notamment dans les apparitions (cette superbe scène où le temps est suspendu) toujours glaçantes, ou même dans l’humour « décalé » amené dans les séquences avec les chasseurs de poltergeists, très burlesques et bien interprétés. Tout le casting est d’ailleurs au diapason à commencer par l’excellent Patrick Wilson en mari sceptique ainsi que Rose Byrne superbe de fragilité. Et la cerise sur le gâteau, c’est que les seconds rôles ne sont pas en reste : Lin Shaye (vue dans Dead End notamment) est vraiment géniale en médium à la fois drôle et inquiétante. Elle apporte vraiment une aura particulière à ce personnage d’abord enjouée à l’arrivée dans la maison et passant subtilement à un comportement plus grave face à la situation qu’elle découvre. Ces deux compères interprétés respectivement par Angus Sampson et Leigh Wannell (également scénariste du film et fidèle collaborateur et ami de James Wan) sont quant à eux les Laurel et Hardy du film et apportent un peu de légèreté entre deux moments de tension.
Modeste par son budget, le métrage s’avère finalement particulièrement ambitieux, surtout dans sa deuxième moitié qui bascule dans le fantastique pur, enchaînent les délires visuels, nous achève avec un twist attendu mais malin et surtout cohérent.
Pour résumer, le film est un pur régal, enrobé d’un doux parfum seventies et rappelant la maîtrise d’un Sam Raimi période horrifique, à l’ancienne, comme on dit. Wan confirme tout le bien qu’on pense de lui et ce n’est pas sans ironie de constater que le succès pressenti du film soit dû au minable Oren Peli (souvenez-vous, il est responsable de Paranormal Activity, vous savez, cette vieille daube à peine digne d’une vidéo amateur sortie de Youtube), ici producteur. Espérons en tout cas que ça sortira James Wan de l’ombre de Saw et qu’il sera reconnu par le grand public comme putain de réal à suivre.

LudovicMerger
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le 16 mars 2017

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Ludovic Merger

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