Je ne vais pas me faire des amis mais...

J'écris cette brève critique, cachée sous ma couette, en espérant que mes amis cinéphiles ne tombent jamais dessus (au risque de passer un sale quart d'heure lors de la prochaine soirée qu'on fera ensemble).


Into The Wild m'a longtemps été vendu comme un film qui parle aux jeunes, aux anti-capitalistes, aux grands baroudeurs, à ceux qui rêvent d'aventures... Pour cause : le personnage principal, Christopher McCandless, est un jeune diplômé d'une prestigieuse université américaine, issu d'une famille riche (son père est un haut fonctionnaire de la Nasa), qui décide de tout quitter pour partir sur la route. Il est seulement accompagné de ses auteurs préférés : Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson, Jack London, Léon Tolstoï...qu'il ne cesse de citer pour construire sa ligne de conduite.


Sean Penn, ta réalisation est magnifique : musique, décor, scénario, profondeur des personnages (j'ai eu un réel coup de coeur pour le couple de hippies), et ton film a sans doute inspiré plus d'une personne à tenter l'aventure en auto-stop.
Mais l'histoire que tu nous raconte là, bien qu'elle soit tirée d'une histoire vraie, ne peut pas parler à tout le monde. Je suis convaincue que Christopher quitte sa famille, et par la même occasion sa soeur adorée, pour de bonnes raisons (quotidien insupportable, disputes, violences, pressions psychologiques) mais je suis également convaincue qu'on ne peut être qu'un jeune blanc diplômé et cultivé issu d'une famille riche pour décider de donner tout son argent et partir dans les plaines sauvages de l'Alaska.
Tout au long du film, alors qu'il essaie de déconstruire les valeurs que ces parents lui ont malgré lui transmis, Christopher ne cesse de rabâcher ses références littéraires avec un snobisme inégalé. Il pose un regard totalement idéalisant voire mythifiant sur la vie de clochard, jusqu'à prendre le surnom d'Alexander Supertramp (Alexandre Superclochard), comme si la vie de sans-domicile était la consécration de la lutte contre le capitalisme. Malgré ses échanges profonds avec le couple de hippie ou le retraité qui souhaite l'adopter, il les dénigre totalement dans sa quête de solitude et de vérité.


Les dernières minutes du film m'ont toutefois soulagée. Seul, agonisant après l'ingestion d'une plante toxique, Alexander se rend (enfin !) compte que le bonheur doit être nécessairement partagé pour être vécu.
Alors Alexander, est-ce que toute cette aventure n'auraient pas pu être évitée ? Est-ce que tu n'aurais pas pu t'arrêter après ta rencontre avec le vieil homme qui voulait t'adopter ? Est-ce que tu n'aurais pas pu mettre à profit ton intelligence, ta culture, tes diplômes et tes idéaux pour transformer le monde au lieu de le fuir ?


De là où tu es, je te laisse réfléchir à ta réponse.

faustina_frqnt
6
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le 16 juin 2018

Critique lue 129 fois

faustina_frqnt

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