« La carrière est une invention du XXe siècle et je n'en veux pas » c'est sur ces mots de Christopher McCandless que se résume peut être entièrement Into the Wild. Second film de Sean Penn , Into the Wild est l'adaptation du livre "Voyage au bout de la solitude" de John Krakauer sur le véritable Christopher McCandless qui, à l'âge de 22 ans, juste après avoir obtenu son diplôme, se décida à quitter amis et famille pour changer de vie, quitter sa Virginie natale et épouser les joies de la nature et l'ivresse de l'aventure.

Sean Penn a commencé à s'intéresser à cette incroyable histoire à la fin des années 90, le temps d'obtenir la pleine assurance de la famille McCandless et le choix parfait de son interprète principal ( envisagé une première fois pour Leonardo DiCaprio ), ce n'est que 10 ans plus tard qu'il parviendra à porter son projet, le temps de nous offrir une aventure dont on se souviendra à jamais. Avant l'œoeuvre cinématographique en elle même, Into the Wild est surtout un film philosophique a part entière qui questionne sur nombre de sujet et en apporte quelques réponses au fort l'aspect symbolique, du sens de l'existence à la mysantrophie autant humaine que sociétaire, à la définition du bonheur et de ses conséquences, ce film ne cesse d'interroger nos consciences endormies tout en en nous émerveillant à chaque secondes, récit d'un aventure idéologique et éducatif avant tout.

Car bien au-delà de la démarche du jeune homme et de son aventure transparait une vision et un existentialisme plus poussé sur la société et sa raison d'être, on peut voir dans Into the wild une véritable critique du matérialisme, de l'argent et du manichéisme sociétale d'aujourd'hui. Il évoque aussi la marginalisation et les conséquences d'un tel choix dans le monde carriériste et ordonné que constitue notre existence, et ce, avant même notre naissance. Nos choix sont déjà préconçus et installés, la vie n'est finalement qu'une succession de choix pré-établis, sur ce constat on peut se poser la question du véritable sens du mot liberté, où est sa place ? Sommes nous vraiment libre ? La réponse vient de la philosophie d'Alexander mais aussi des philosophes qu'il aime tant lire, telle cette citation de Montesquieu « La liberté c'est le droit de faire ce que les lois permettent ».

Et de ces lois Christopher s'en affranchit, comme l'explique les paroles d'une des chanson d'Eddie Vedder, extraite de l'excellente bande original du film : « Je connais les lois, mais elles ne me connaissent pas ». Sa philosophie façonnera grandement la plupart des multiples rencontres qui jalonneront son aventure, d'un couple hippie à un vieillard renfermé en passant par une jeune chanteuse innocente, chacune de ces rencontres bouleversera les personnages de cette épopée contemporaine rafraichissante, aux antipodes des productions Américaines habituelles.

Le casting, lui, est paradoxalement assez Hollywoodien, ainsi hormis l'épatant Emile Hirch on retrouve Vince Vaughn ( Serial Noceur ), Kristen Stewart ( Twilight ), William Hurt ( A history of violence ), Catherine Keener ( Truman Capote ), Marcia Gay Harden ( the mist ), des performances dans l'ensemble justes et convaincantes. Mais comment ne pas s'arrêter sur Emile Hirch, habitué aux navets peu ambitieux ( The girl next door, Alpha dog ), il signe ici une performance époustouflante, autant physique ( il a perdu 20 kg pour le rôle et a réalisé toutes ses cascades ) que poignante d'intensité et de rage de jouer, parfaitement dans l'optique du rôle qu'il interprète, il EST Christopher McCandless.

A l'instar du livre, le film est structuré en chapitres, chacun ayant pour thème les grandes étapes de la vie, le début du voyage de Christopher étant désigné comme sa « renaissance », ce choix structurale souligne le sens et l'importance qu'il accorde à cette nouvelle existence.

Cette histoire c'est aussi et surtout un voyage, aux confins de l'Amérique profonde et sous forme de flash forward on suit la fin du voyage en Alaska en parallèle avec l'avènement du jeune aventurier et les évènements qui l'amèneront dans ce froid brut et dangereux. Ainsi on traversera les champs de blé du Dakota aux flots déchainés du Colorado, en passant par les déserts de Californie et le Grand Canyon.

Into the Wild est un vent de vérité sur le cinéma superficiel d'aujourd'hui , Sean Penn réalise un film exceptionnel, majestueusement filmé et poétique, dont le spectacle nous transpose littéralement à l'écran, dans les magnifiques paysages Américains. Voir Into the Wild est un aller simple pour l'« ailleurs », ces endroits que seul le 7e art peut nous offrir et dont on aimerait rester prisonnier, un grand moment de cinéma.
Nicolas_Chausso
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le 7 juin 2013

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