La liste des choses à dire étant pratiquement aussi longue que le film, cette critique risque de paraître un peu décousue.


Commençons par ce qui est évident : les costumes sont, de manière générale, peu réussis et de mauvais goût. De même, les maquillages laissent souvent à désirer, plus particulièrement celui de Meryl Streep. Bref, tout ça manque de finesse. A l'image de tout le film.


En effet, Into the Woods peine à choisir sa voie entre la quête profondément dramatique et le second degré. Le film balance de manière maladroite et peu intelligente entre les deux. Tout ceci s'illustre merveilleusement bien dans le décalage total entre le ton de la chanson des deux princes (la seule qui vaille la peine d'être sauvée, j'y reviendrai) et le dénouement heureux et dégoulinant de bons sentiments d'une quête dramatiquement impossible (j'y reviendrai aussi).
Ainsi, il est dommage de voir le potentiel comique de James Corden tué dans l’œuf. De même, le personnage campé par Meryl Streep ne parvient même pas à sauver la mise.


Beaucoup d'éléments du film paraissent inintéressants voire totalement inutiles : ainsi, la belle-famille de Cendrillon ne sert strictement à rien, là aussi, leur potentiel comique est totalement inexploité. Rapunzel et son prince font également partie de ces personnages vides de sens. D'ailleurs, on ne comprend pas non plus l'intérêt qu'a la sorcière de maintenir la blondinette captive. Et puisqu'on est débiles, la voix-off de James Corden se sent obligée de nous expliquer que Rapunzel est bien la fille dont parlait la sorcière au début du film. Et que dire de Mr. Wolf, interprété par Johnny Depp ? Ce personnage m'a profondément mise mal à l'aise. Était-ce voulu ? Sans doute, mais encore une fois, ça manque de finesse.


Les personnages sont souvent agaçants, particulièrement le Petit Chaperon rouge. On ne comprend pas ce qui retient James Corden de lui piquer sa cape sans scrupules, elle n'a pas hésité à lui piquer la moitié de sa boulangerie 10 minutes auparavant. Et puis, tiens, parlons-en de cet épisode : si le premier obstacle insurmontable de la quête du boulanger, c'est une fillette qui hurle à la mort, qu'il soit condamné à ne pas pouvoir procréer est peut-être une bonne chose. Bref, la gamine est insupportable. Deuxième en lice, Cendrillon qui, on ne comprend pas pourquoi, se casse toujours avant la fin du bal (on connaît bien les raisons dans le conte, mais comme tout est « revisité », taire ces raisons devient un peu inquiétant. Cf. le début de la chanson du Prince : « Did I abuse her ? » La connotation d'agression sexuelle laisse suggérer que Cendrillon est maso (je fuis mais j'espère tellement qu'il va me retrouver) et sujette au syndrome de Stockholm. Enfin, la fille se prend déjà pour Pocahontas à causer à un saule-pleureur, donc pourquoi ne pas aussi prétendre être Belle ? Il te coince dans les escaliers ? Comme le dit la chanson « it means that he cares ». C'est sûr go for it, girl, encore une belle leçon de féminisme.


Reparlons-en des chansons. La plupart sont répétitives sans pour autant être entraînantes. Pour la plupart, on a l'impression que les scénaristes se sont souvenus qu'ils ont vendu le film comme une comédie musicale et, donc, ils ont tapé de façon aléatoire des numéros chantés. Le plus parfait exemple est « It Takes Two » de Corden et Blunt. Et comme dans toutes les chansons, les rimes sont faciles et avec une signification proche du néant absolu (cf. aussi le Petit Chaperon rouge qui prétend que Mr. Wolf « seemed so nice ». Vraiment ? T'avais l'air parfaitement à l'aise avec lui dans les bois). Les prestations, heureusement, sont loin d'être mauvaises. Comme je le disais, la seule chanson qui vaille sans doute la peine d'être sauvée est celle des deux princes puisqu'elle assume totalement son côté parodique.


Et enfin, le problème majeur du film : il est fini après environ 1h10. 1H10, c'est pas mal pour un film, ils pourraient s'arrêter là. Mais non, ils décident de nous amener une grotesque histoire de géant et de tuer une bonne partie des personnages d'une manière particulièrement ridicule. Le film bascule à nouveau dans le drame et cherche à faire pleurer dans les chaumières.


Je trouvais intéressante la façon dont tous les personnages finissaient par se rencontrer, mais ça manquait de raffinement. Ils auraient dû miser sur la durée, la quête est résolue sans obstacle majeur et de façon beaucoup trop rapide. Un développement plus élaboré aurait été plus intéressant, le drame et le second degré aurait peut-être pu cohabiter de manière réussie et surtout, surtout, surtout : on n'aurait pas dû subir la deuxième partie du film.


Bref, Into the Woods, c'est l'histoire d'un énorme potentiel gâché.

Clélie
3
Écrit par

Créée

le 19 févr. 2016

Critique lue 194 fois

Clélie

Écrit par

Critique lue 194 fois

D'autres avis sur Into the Woods - Promenons-nous dans les bois

Into the Woods - Promenons-nous dans les bois
el-thedeath
5

Promenous-nous dans les bois Pendant que Johnny Depp n'y est pas Si Johnny y était Il nous mangerait

À la base je voulais voir Les Nouveaux Sauvages, malheureusement il ne passait plus, je me suis donc rabattu sur Into the Woods. Le gaumont de ma ville ayant fermé, il a été racheté par une drôle de...

le 29 janv. 2015

24 j'aime

2

Into the Woods - Promenons-nous dans les bois
pi-r
7

Are you certain what you wish is what you want?

Into The Woods a été pour moi une expérience satisfaisante. J'aurais voulu passer encore plus de temps dans ces bois. Dans le deuxième "acte" on passe trop vite sur certains points que j'aurais voulu...

Par

le 11 janv. 2015

20 j'aime

5

Into the Woods - Promenons-nous dans les bois
Moizi
1

Toi aussi viens cachetonner comme une catin !

Franchement je voulais faire une sieste, j'ai donc vu "ça". Et "ça" ne mérite pas l’appellation de film... On tient ici une horreur chantante absolument abominable ! Parce que Disney semble vouloir...

le 14 janv. 2015

14 j'aime

3

Du même critique

Love Next Door
Clélie
4

"Okay, it's time to kill myself. Will somebody shoot me?"

Je n'attendais pas grand chose de ce film, juste passer un moment agréable devant quelque chose d'assez léger. J'ai été plutôt déçue... enfin niveau légèreté, j'ai été plutôt gâtée : la prestation de...

le 2 févr. 2014

3 j'aime

A Very Murray Christmas
Clélie
4

What's the point?

A Very Murray Christmas : un festival de surprises – des bonnes et des moins bonnes. Le téléfilm de Sofia Coppola s'annonçait comme la comédie feel good de Noël avec une multitude de guests plus...

le 29 janv. 2016

2 j'aime

The Big Short - Le Casse du siècle
Clélie
7

Wall Street loves to use confusing terms to make you think only they can do what they do.

The Big Short : Le Casse du siècle, adaptation du best-seller de Michael Lewis, s'attaque au pari fait en 2005 par six outsiders contre les banques américaines. Nos protagonistes prédisent un...

le 28 janv. 2016

2 j'aime

2