Intouchables par Dulcis_Victoria

D'ordinaire, je n'ai jamais envie d'aller voir les films dont tout le monde parle ("qui font le buzz", comme on dit). Pourtant, je suis allée voir celui-là. Par simple curiosité, histoire de voir s'il était à la hauteur de sa réputation.

Et j'ai apprécié. En rentrant chez moi, dans le feu de l'action, je suis allée sur mon compte SensCritique et j'ai mis 9/10, avec recommandation.

Puis j'ai réfléchi. Et après réflexion, j'ai réduit ma note à 6/10, en laissant la recommandation.

Pourquoi ? Parce que je me suis dit qu'au final, ça valait pas la peine de donner autant.

Bien sûr, je le conçois, ce film est bourré de qualités.

En premier lieu, c'est bien écrit. En même temps, un scénario inspiré d'une histoire vraie peut-il être qualifié de "mal écrit" ? L'histoire se suit bien, on ne relève pas d'incohérences, c'est très gentil... Au final, on ne s'ennuie pas.

Ensuite, les acteurs sont bons. Pas complètement excellents, mais très crédibles dans leurs rôles. Pis ça permet à Omar Sy de se dissocier de ses rôles comme qui dirait pas très intelligents et surtout de son partenaire Fred Testot.

Enfin, mon élément préféré de ce film : l'humour. Personnellement, quand je vois une affiche avec un homme qui semble au bord des larmes de joie (Cluzet) et un autre qui sourit de toutes ses dents (Sy) avec un titre qui évoque une caste, je me dis que je vais avoir affaire à un film larmoyant qui véhicule la bonne morale comme quoi la tolérance, c'est le bien... Bah je me suis trompée. 'Fin, pas complètement. Mais je me suis quand même un tout petit peu trompée. Avant de chercher à émouvoir, Intouchables cherche à faire rire. Ici, pas de gags lourdingues, pas de pâle copie de sketches ; juste de l'humour bien ficelé qui m'a arraché des rires sincères.

Voilà donc les raisons pour laquelle j'ai accordé 6 étoiles et la recommandation.

À présent, on passe aux raisons pour lesquelles je n'en accorde pas plus.

Pour commencer, si on regarde Intouchables d'un point de vue purement esthétique, la réalisation est loin d'être exceptionnelle (le champ-contrechamp à chaque dialogue ou presque, c'est un peu facile) ; quant aux décors, ils sont là pour montrer à quel point les hôtels particuliers c'est chouette et à quel point la banlieue c'est moche. C'est pas le plus important, certes, un bon film ne se définit pas que par son esthétique, mais on ne peut pas affirmer que ça ne compte pas.

En plus de cela, malgré la justesse du jeu des acteurs et le bon ficelage de l'histoire, l'émotion n'a pas été au rendez-vous. Le passé des deux héros, leur amitié qui devient fraternité, gna gna gna... En fait, c'est tellement cliché, tellement dégoulinant de bons sentiments, tellement manquant de réalisme quant à la vraie vie des handicapés (tout le monde n'est pas aussi riche que Pozzo di Borgo, hein...) que ça en devient blasant. Très.

Pour finir, le point qui me dérange le plus : le fait que ce soit une histoire vraie. Peut-être suis-je en tort, mais j'ai la fâcheuse impression que même si ce film avait été aussi mauvais que les adaptations de jeux vidéo d'Uwe Boll, le simple fait qu'il soit inspiré de faits réels aurait suffi à le faire encenser par la critique. Après tout, tout le monde peut raconter sa vie et se faire du fric avec, ça plaira forcément. Et c'est en ça que je hais ce film, tout en l'appréciant.

En résumé, Intouchables est probablement un des films les plus surestimés de la décennie 2010. Bon, c'est pas Home non plus, mais on s'en rapproche. Un excellent divertissement, oui. The best film français of the monde, non. Faut pas exagérer non plus.