Intouchables par orioto

En entendant Ruquier dire de ce film sur le handicap, avec un duo un peu improbable, allait remporter césars et millions de spectateurs, j'avoue m'être un peu gaussé. Il fait dire qu'il s'emporte facilement, le Ruquier.

Puis je n'ai cessé d'entendre des compliments hors-norme sur le film, alors je me suis décidé à y aller, par curiosité.

A la différence des chtis, qui m'était apparu comme une petite comédie flemmarde et mal écrite, et dont le succès institutionnel ne s'explique pour moi que par de sombres histoires de marketing social spontané, Intouchables a un souffle. On en ressort en se disant que oui, la sauce peut prendre à grand échelle, et se répandre comme la poudre.

La raison en est bien évidemment le couple, le duo naturel et légitime que forment Cluzet et Sy à l'écran. Qu'on n'aille pas m'engourdir les oreilles avec des histoires d'écriture, de force du sujet, d'originalité, de modernité même.. Le film est vieux comme le monde, et son traitement social confère au téléfilm poétisant pour gosse. C'est plutôt l'aspect sur le handicap qui est audacieux dans sa crudité et sa franchise objective.

Cluzet campe son rôle comme personne, il atteint l'oubli de la composition, et c'est probablement le plus scotchant dans le film. Comme il s'agit d'une comédie douce amère, et d'un buddie movie sympathique, il fallait bien sur que le tac au tac fonctionne, que le stoïcisme figé de Cluzet et la bonhomie sarcastique d'Omar s'entrechoquent avec justesse et efficacité. C'est là que le miracle se produit. Cluzet a l'air d'improviser dans la réalité de son personnage, dans a plus rigide consistance de son rôle, du drame, de la gravité qu'il porte à chaque regard. Il les fait tellement sien qu'il peut passer à autre chose, comme son personnage y aspire. Et comme tout est naturel et induit, le film peut se concentrer sur l'échapade Omar, sur le contraste et l'étincelle qu'elle procure.

Le talent des réalisateur, c'est de ne pas s'être fait trop happés par leur fable sociale sur fond de contraste riche/pauvre , Funk/classique.. tout droit sorti d'une mauvaise comédie des années 80. Même s'ils en jouent beaucoup, et que cela explique probablement, au moins en partie, le sucés du film, c'est la rugeur de l'échange humain qui en est son moteur réel. C'est ce petit miracle de vie spontané et âpre qui pousse le film au delà du prime time france trois, et en fait très certainement l'une des meilleures comédies de ce type à ce jour.