Ip Man 3 aura mis cinq ans à sortir. Donnie Yen ne voulait plus reprendre le rôle de Ip Man à cause du trop grand nombre de films centrés sur ce personnage qui ont vu le jour depuis le début de la saga. Mais le chèque a dû être suffisamment conséquent pour que finalement, ce 3ème opus soit mis en chantier. Et puis, avec l’arrivée au casting de Mike Tyson, Donnie y a vu la possibilité de réaliser un rêve de gosse en l’affrontant. Après deux premiers opus qui ont ravi tous les fanas de films d’arts martiaux (et beaucoup d’autres) et qui en général font l’unanimité, nous allons donc parler aujourd’hui de cette nouvelle suite, premier opus qui divise un peu les foules. Pour certains, c’est le meilleur de la saga. Pour d’autres, c’est l’opus le plus faible. Malgré toujours d’excellentes scènes de baston, je le situe pour ma part clairement dans la deuxième catégorie.


Ip Man 3 va donc prendre place à la suite du deuxième opus. On continue de s’intéresser à l’histoire de Ip Man, de manière assez romancée, et il va être confronté ici à un nouveau dilemme. En effet, un promoteur américain veut acheter le terrain sur lequel se situe l’école du fils de Ip Man et va tout faire pour convaincre le directeur de l’école de le lui vendre. Tentative d’intimidation, d’incendie des locaux, Ip man et ses disciples se lancent comme « mission » de surveiller l’école, 24h sur 24h, afin de renvoyer chez eux les malotrus qui cherchent à nuire au bâtiment. Cela va déteindre sur la vie familiale du maître et sa femme Cheung Wing-Sing va devoir assurer toute seule les tâches de la vie quotidienne. Ip Man va faire la rencontre de Cheung Tin-Chi, un porteur de pousse-pousse sans le sou dont l’enfant est également scolarisé dans cette école et dont le rêve est d’ouvrir sa propre école de Wing Chun et de défier Ip Man pour savoir qui serait le meilleur maitre. Lorsque les hommes de main du promoteur se mettent à kidnapper des enfants à la sortie de l’école, Ip Man va devoir gérer plusieurs choses à la fois : récupérer les enfants donc, faire comprendre à cet américain qu’il est grand temps d’arrêter de faire une fixette sur cette école, mais aussi s’occuper de sa femme lorsqu’ils découvrent qu’elle est atteinte d’une grave maladie…
Ip Man 3 va beaucoup plus se centrer sur le côté personnel de Ip Man, sur ses émotions, sur sa relation avec sa femme, sa prise de conscience et le changement de mentalité qui en découle. Cela va influer sur la construction du film. La première partie suit le schéma classique des deux premiers films, mais une grosse partie de la seconde moitié va être plus intimiste, beaucoup plus posée. On va y voir Ip Man profiter de sa famille, des petits plaisirs de la vie, mais aussi des moments plus tristes, plus douloureux. Et c’est en partie à cause de ça que le film va diviser.


Ip Man 3 va s’embarquer dans plusieurs sous intrigues mais ne va en développer réellement aucune. Le résultat va s’avérer parfois lourdingue et on sent qu’elles ne sont là que pour amener des combats qui arrivent pour le coup comme un cheveu sur la soupe. Clairement, les différentes intrigues vont manquer de liant, voire carrément de finesse comme toute cette partie du scénario qui n’est là que pour amener l’affrontement, trop court malheureusement, entre Donnie Yen et l’ancienne superstar de la boxe Mike Tyson. Le combat en lui-même est d’excellente facture. Sammo Hung cède sa place à Yuen Woo Ping et le travail de ce dernier est tout aussi impressionnant. Mais le dénouement de ce combat est assez improbable, dans le sens où les actions de l’américain auraient mérité bien plus qu’un bravo, bisou, au revoir. Problème aussi pour l’affrontement final entre les deux maitres de Wing Chun. Ceux du premier et deuxième opus avaient une tension palpable et un véritable poids psychologique. Dans ce troisième volet, on est plus dans le concours de celui qui a la plus grande. L’enjeu y est bien moins impactant et cet ultime affrontement procure bien moins d’émotions. Seul celui contre le boxeur thaïlandais, qui brille par sa mise en scène, tire réellement son épingle du jeu.
Ip Man 3 va se démarquer des deux précédents opus par sa tendance à virer vers l’histoire d’amour intimiste dans sa dernière partie. Cet arc narratif se fait parfois trop lisse et manque clairement de finesse tant la finalité est courue d’avance. On pourrait saluer l’effort d’essayer d’amener un peu de nouveauté à la saga, mais le film perd clairement l’essence des deux premiers opus qui ont fait la renommée de la saga. On sort du film un peu déçu avec cette impression d’avoir assisté à un spectacle un peu forcé, comme s’il appliquait un cahier des charges sans avoir essayé d’y insuffler l’âme de la saga. Par contre, le public semble avoir adhéré puisque le film a rapporté pas loin de 160M$ à travers le monde pour un budget de 36.


Malgré des combats toujours excellents, ce troisième volet de la saga Ip Man déçoit sur bien des aspects. Le résultat reste malgré tout des plus agréables, mais l’ensemble est redondant et clairement moins travaillé.


Critique originale : ICI

cherycok
6
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le 9 juin 2020

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